Une édition charnière, même avec du retard
J’ai décidé de faire une critique sur Le Manuel des joueurs de 2014 avec un léger décalage, la version 2024 venant tout juste de paraître en français. Cela dit, il demeure probablement l’ouvrage qui a le plus contribué à la popularisation moderne de Donjons et Dragons. Cette cinquième édition s’est imposée grâce à l’essor des balados populaires, à la diffusion massive de parties en ligne et à la profusion d’outils numériques facilitant l’organisation des séances. Une réalité presque inexistante à l’époque de la version 3.5, parue au début des années 2000 et à laquelle je joue encore par moment encore aujourd’hui. J’ai, par la suite, sauté complètement la quatrième édition.

Une accessibilité assumée
Paru il y a maintenant près de douze ans, ce Manuel des joueurs a déjà été abondamment commenté. Il n’en demeure pas moins que cette cinquième édition propose un jeu extrêmement accessible, tant pour les nouveaux joueurs que pour les vétérans. La structure est volontairement souple, favorisant l’improvisation et l’imaginaire, tout en conservant un cadre suffisamment solide pour éviter la confusion.

Races, classes… et évolution
On y retrouve les fondements classiques du jeu: le choix des races (on utilisera plus tard le mot « espèces » dans la version 2024, un changement de terminologie qui n’a pas manqué de susciter des débats). Comparativement à la version 3.5, les Drakéides et les Tieffelins font leur entrée parmi les options de base, bien qu’ils existaient déjà dans certaines extensions précédentes.

Du côté des classes, l’occultiste s’ajoute également à la sélection principale. Là encore, il s’agit d’une nouveauté pour le livre de base, mais non pour l’univers de Donjons et Dragons, puisqu’il était déjà présent dans des suppléments de la 3.5.

Historique et personnalité: une vraie valeur ajoutée
L’édition 2014 introduit un système d’historique et de traits de personnalité qui enrichit considérablement la création de personnage. Au-delà de l’aspect narratif, ces choix offrent des avantages concrets: compétences supplémentaires, maîtrise d’outils, langues ou équipements particuliers. Une excellente façon de lier rôle et mécanique.

Dons, personnalisation et compromis
Les dons sont toujours présents, mais leur accès est désormais plus encadré. Contrairement à la version 3.5, où presque tous les dons étaient accessibles à toutes les classes, la cinquième édition propose une sélection mieux ciblée. Cette approche évite de noyer les nouveaux joueurs sous une avalanche de choix, un problème récurrent dans la 3.5. Les vétérans regretteront toutefois une perte de personnalisation, ce qui n’est pas entièrement faux, s’ils maîtrisaient l’ensemble des règles et des suppléments de l’ancienne version.

À noter qu’aux niveaux clés, il est possible de choisir un don plutôt qu’une augmentation de caractéristiques, une variante élégante qui redonne une marge de personnalisation appréciable.

Combat, magie et simplification des règles
La magie et les mécaniques de combat demeurent globalement similaires aux éditions précédentes. On remarque toutefois une plus grande présence des sorts nécessitant de la concentration. La véritable révolution mécanique réside dans le système d’avantage et de désavantage, qui remplace une multitude de modificateurs numériques. On lance deux dés et on conserve le meilleur ou le pire résultat selon la situation. Cette simplification allège considérablement le rythme du jeu, même si les calculs ne disparaissent pas complètement.

Sous-classes: une intégration réussie
L’un des changements majeurs concerne l’abandon des classes de prestige au profit des sous-classes. Contrairement aux classes de prestige de la 3.5, souvent dispersées dans plusieurs ouvrages et peu accessibles aux débutants, les sous-classes sont directement intégrées au Manuel des joueurs et doivent être choisies par le joueur. Cette décision favorise l’accessibilité et la cohérence du système.

Certes, la 3.5 offrait une quantité impressionnante de classes de prestige à travers ses nombreuses extensions, un volume que la cinquième édition n’a jamais vraiment égalé. En revanche, les sous-classes sont plus faciles à intégrer et à comprendre, surtout pour les nouveaux joueurs.

Un manuel toujours pertinent
Le Manuel des joueurs de Donjons et Dragons version 2014 demeure un outil essentiel pour tout rôliste en devenir. Il constitue une excellente porte d’entrée dans l’univers médiéval fantastique du jeu. Simplifié par rapport aux éditions antérieures, il peut parfois frustrer ceux qui recherchent une personnalisation extrême, mais il réussit à équilibrer accessibilité et profondeur.

Reste à voir si la version 2024 parviendra ou parvient déjà à faire encore mieux. Les dés sont lancés.

Auteur

Avatar de Enquiquineur

Article écrit par

Laisser un commentaire