Salut mes petits sucres d’orges, votre Dieu Geek vous revient avec une critique de DRCL de Shin’ichi Sakamoto, qui s’est fait un malin plaisir à retravailler le célèbre roman de Bram Stoker, Dracula. Traduit en français par les éditions Ki-oon, ce manga relate les événements entourant de jeunes étudiants de la Whitby School, une école qui accueille l’élite anglaise, et qui tenteront d’empêcher l’ignoble comte Dracula de poser sa malédiction sur Londres.
Des adaptations de Dracula, il y en a eu beaucoup, mais celle-ci est vraiment particulière. Plus les tomes avancent, plus nous entrons dans une folie qui devient une œuvre propre à elle-même. Si vous me lisez depuis le début, vous savez que j’aime être choqué et déstabilisé, mais aussi que j’aime quand on respecte l’œuvre originale lors d’une adaptation. Jusqu’à maintenant, Shin’ichi Sakamoto a su respecter le matériau de base tout en y ajoutant sa touche personnelle. Certes, l’histoire est modifiée, mais l’essence de ce que Bram Stoker voulait nous faire vivre est toujours présente. Est-ce que ce cinquième tome poursuit sur cette lancée?

Jonathan prisonnier et Dracula en route
Désormais retenu dans le château du comte Dracula, le jeune Jonathan Harker est forcé d’enseigner à ce dernier les us et coutumes britanniques. En effet, le vampire a prévu de s’installer en Angleterre afin de se repaître des habitants du pays et ainsi assouvir sa soif de sang.
Pour ce faire, la créature revêt une nouvelle apparence, celle du comte de Whitby, et entreprend son funeste voyage. Parallèlement, Mina semble pouvoir entrer en contact avec Jonathan, mais pour la jeune fille, il devient difficile de distinguer le rêve de la terrible réalité…

Mina, rêve ou réalité?
Si la jeune Mina a de la difficulté à distinguer le rêve de la réalité, le lecteur est exactement dans la même situation, surtout lorsqu’il s’agit de ce personnage. À un moment, elle est une élève de la prestigieuse école, et à un autre, elle devient une simple boniche. J’ai eu beaucoup de difficulté à démêler le vrai du faux à plusieurs reprises, et encore aujourd’hui, je ne suis pas certain d’avoir toutes les réponses.
Dans l’œuvre originale de Bram Stoker, le récit est présenté sous forme de correspondances et de journaux intimes, un procédé que Mina utilise également dans le manga. Toutefois, ici, elle semble posséder des capacités particulières qui lui permettent d’entrer en contact avec les rêves, voire le subconscient, de ceux qui lui ont ouvert la porte. Dans ce tome, il s’agit de deux victimes de Dracula : Jonathan et Luke.
Dans la première partie du manga, nous vivons ces expériences transcendantes à travers Mina, tandis qu’Arthur, Quincey et Jo ont beaucoup de difficulté à composer avec Luke, désormais transformé en une créature hideuse. J’ai réellement vécu une expérience troublante durant cette portion du récit. Mina est un véritable casse-tête, et je ne sais toujours pas si elle s’invente tout ou non. Si ce flou narratif est volontaire, c’est du génie… à condition que cela mène quelque part.

Enquête à Londres et clin d’œil célèbre
Dans la deuxième partie, on suit Jo, qui doit se rendre à Londres. Il en profite pour enquêter sur les caisses livrées par le Demeter, à l’aide d’un outil qui lui permet de suivre les traces du comte. Dans cette section, le jeune asiatique a clairement des airs de Sherlock Holmes, et on peut même y voir un clin d’œil visuel assumé. Je vous laisse trouver cet «Easter Egg».
Fait intéressant, ce qui motive Jo à se rendre à Londres est un meurtre récemment commis, et le peuple commence déjà à évoquer le retour d’un tueur en série légendaire : Jack l’Éventreur. J’ai beaucoup aimé ce lien, puisqu’il est bien connu que Bram Stoker s’est inspiré de cette figure historique.

Un choc visuel constant
Visuellement, c’est une véritable œuvre d’art. Chaque page semble être une illustration à part entière. On ressent parfaitement tous les thèmes explorés par Shin’ichi Sakamoto : la violence, la folie, la sexualité et même l’identité sexuelle. Rien que pour le visuel, la lecture vaut le détour, et l’œuvre mérite largement sa place dans une bibliothèque. C’est sans aucun doute l’un des plus beaux dessins que j’ai vus en manga.
Si je devais lui trouver un défaut, je dirais que les expressions faciales sont parfois étranges et que les personnages donnent l’impression d’être faits de porcelaine. Encore là, est-ce volontaire pour accentuer leur aspect juvénile? Difficile à dire. Une chose est certaine : ce manga est à la fois magnifique et profondément malaisant.
En parlant du design des personnages, le comte Dracula a la capacité de changer d’apparence. On l’a vu sous les traits d’un enfant avec Jonathan, mais depuis son arrivée à Londres, il arbore désormais l’apparence d’un homme gracieux à la longue chevelure noire.
J’avais hésité à le mentionner dans mes critiques précédentes, pensant que ce n’était qu’une impression, mais je trouvais déjà que Dracula avait des airs de Michael Jackson. Après avoir vu la couverture de ce cinquième tome… venez pas me dire que c’est juste dans ma tête.

Conclusion
Finalement, DRCL est un manga déroutant, intrigant et choquant. À chaque lecture, je me demande ce que je suis en train de lire, mais ce manque de cohérence apparent est aussi ce qui rend l’œuvre si fascinante. Le visuel époustouflant renforce cette impression de folie constante et accompagne parfaitement le récit.
 J’espère simplement que tout ce brouhaha narratif aura une véritable finalité et qu’il ne s’agira pas d’un simple chaos artistique sans direction.

Merci à Interforum pour la copie du livre.

La note du Dieu Geek

Pour se procurer le manga, c’est ici.

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