
Blood-Crawling Princess : Tome 2 : Le sang n’oublie jamais
Après un premier volume dérangeant, hypnotique et visuellement saisissant, Blood-Crawling Princess revient avec un tome 2 encore plus sombre et oppressant. Là où le premier acte posait les bases d’un univers ravagé par la monstruosité et les traumatismes, ce second tome plonge dans la chair vive du récit : la transformation, la culpabilité et la perte d’humanité. La série renforce son identité unique, quelque part entre horreur viscérale, thriller psychologique et dark fantasy hallucinée.
La chute et la renaissance : l’évolution de Yama
Ce tome s’intéresse essentiellement à Yama, devenue malgré elle l’hôte d’un pouvoir sanguinaire qu’elle ne comprend pas encore. Condamnée à vivre dans un corps qui se déforme, se régénère et se nourrit du sang d’autrui, elle lutte contre la terreur que provoquent ses propres pulsions.
Yasushi Nirasawa explore avec justesse les contradictions de l’héroïne : d’un côté, son instinct meurtrier croît à mesure que ses transformations s’intensifient ; de l’autre, son humanité refuse encore de céder. Ce conflit intérieur donne au tome une densité émotionnelle remarquable.
La question centrale devient alors : qu’est-ce qui fait de nous un monstre?
L’apparence? Les actes? Ou le fait d’avoir perdu le contrôle de ses désirs et de ses instincts? Yama navigue sur cette frontière fragile, et c’est de cette ambiguïté que naît toute la puissance du volume.
Un monde de plus en plus cauchemardesque
Ce tome dévoile davantage l’univers sombre et oppressant de la série. Les “corps rampants”, créatures grotesques aux morphologies difformes, symbolisent une corruption organique totale. Elles ne ressemblent pas seulement à des monstres : elles semblent vivantes, conscientes, presque humaines dans leur détresse. Ce malaise permanent donne à Blood-Crawling Princess une atmosphère horrifique rare dans le manga moderne.
De nouveaux lieux sont explorés : ruines englouties, zones interdites et laboratoires où l’horreur scientifique frôle la folie. Chaque décor raconte une histoire, souvent tragique, et participe à cette montée en tension permanente. Le monde semble se décomposer en même temps que l’esprit de Yama.
La complicité forcée : une galerie de personnages torturés
Le tome introduit ou approfondit plusieurs personnages secondaires, chacun porteur de sa propre part d’ombre.
Parmi eux, Rai, le chasseur taciturne, se révèle plus complexe : animé par la vengeance, il voit pourtant en Yama autre chose qu’un simple monstre. Leur relation, faite de méfiance, de détresse et d’un besoin mutuel de survie, devient le cœur dramatique du tome.
L’antagoniste de ce volume, un scientifique obsédé par la mutation, incarne quant à lui la dérive morale totale : pour lui, Yama est un “chef-d’œuvre biologique”, une preuve vivante de son génie perverti. Son apparition intensifie le malaise et pousse Yama à comprendre que la pire des monstruosités n’est pas toujours celle qui rampe au sol.
Une direction artistique brutale et hypnotique
Le dessin de Shinya Kaneko atteint ici un niveau supérieur. Son trait nerveux, agressif, presque coupant, confère une vie malsaine aux créatures. Les pages d’action, viscérales et violentes, laissent une impression d’urgence. Les transformations de Yama sont mises en scène avec un mélange de beauté et d’horreur, comme si son corps se reconstruisait dans un ballet sanglant.
Les contrastes de lumière, les textures organiques et les anatomies déformées renforcent cette atmosphère suffocante. Le tome 2 est une véritable démonstration graphique : une horreur élégante, presque poétique dans sa brutalité.
Un second volume puissant, dérangeant, et profondément humain
Ce tome 2 confirme que la série ne se contente pas d’être un manga d’horreur : c’est un drame existentiel, un récit sur la perte de soi et la peur de devenir ce qu’on déteste. La tension psychologique, les choix moraux impossibles et la beauté macabre du dessin en font un tome d’une force remarquable.
C’est une œuvre qui ne plaira pas à tout le monde et c’est précisément ce qui la rend unique. Elle bouscule, dérange, fascine. Elle pousse le lecteur à regarder l’horreur en face, mais aussi à voir ce qu’elle révèle de notre humanité.
Merci à Interforum pour la copie du livre.

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