
Un singe samouraï dans un port maudit
Ce roguelike, exploration de donjons infestés de monstres générés aléatoirement, mêlé à un jeu d’action et jouable aussi en coopération, nous permet d’incarner un singe samouraï dans un vieux port lugubre. On y fait couler le sang d’êtres anthropomorphes : morses, lézards, mouettes et bien d’autres.
On ne sait pas exactement pourquoi, mais une idole ancienne réclame un sacrifice, du sang… beaucoup de sang. Il faudra donc s’occuper d’un certain nombre de magouilleurs pour étancher sa soif. Très vite, on comprend que le sang possède une propriété particulière, pour ne pas dire maudite. Il permet à notre singe, autrefois une simple statue, de monter en puissance, tout en lui imposant des malédictions.

Une ambiance lourde et poisseuse
Dès les premières minutes, on ressent l’atmosphère crapuleuse qui rôde dans le port : orage grondant, pluie battante, flaques qui éclaboussent… Le jeu est sombre, ponctué de quelques touches de couleurs vives destinées à attirer notre regard sur certains objets importants. Ce n’est pas toujours efficace : il arrive qu’on rate des éléments essentiels. Je blâme davantage la configuration des niveaux que la palette de couleurs.
Les effets sonores sont excellents : pas mal de bruitages réussis, et une musique minimaliste composée d’un tambour grave qui accompagne particulièrement bien le tonnerre et les gouttes d’eau. L’ensemble crée une ambiance glauque très convaincante.
Malgré tout, les personnages et certains artéfacts sont grossiers, simples, presque caricaturaux. Cela leur donne un aspect sombre, mais aussi vaguement humoristique.
Bref : l’ambiance est superbement réussie. Chapeau à l’équipe de David Marquardt Studios.

Des niveaux procéduraux encore trop brouillons
Du côté des niveaux, beaucoup reste à améliorer. Comme dans tout roguelike, ils sont générés procéduralement, mais dans Cursed Blood, ils manquent clairement d’optimisation. Il arrive fréquemment que le décor « suggère » un chemin intéressant qui n’aboutit qu’à du décor générique. À la longue, fouiller chaque recoin devient lassant, surtout que certains coffres et objets utiles sont cachés dans des impasses difficilement repérables.
Le problème le plus grave : je me suis retrouvé coincé dans le décor… deux fois. La première heure, obligé de recommencer au point de contrôle, qui ne sont déjà pas très nombreux. La deuxième heure, de nouveau coincé, cette fois sous un déluge de cocktails incendiaires lancés par des ennemis qui, eux, pouvaient me voir. Impossible de sortir, mort assurée.
Il y a aussi la gestion des collisions : parfois on peut passer à travers un élément du décor, parfois non. Quand ça arrive, on se retrouve à devoir faire un détour sans comprendre pourquoi un passage est bloqué alors qu’un autre identique ne l’était pas. Les ennemis, eux, arrivent souvent à nous voir à travers les murs. C’est franchement frustrant.

Des combats jouissifs mais chaotiques
Quatre singes samouraïs sont disponibles au départ. Ils ont quelques différences, mais globalement, ils se battent de la même manière.
Les combats sont violents à souhait : jets de sang, membres arrachés, décapitations… On est servi. Mais il manque un peu de fluidité, et l’action devient chaotique. Notre arme cache parfois les intentions ennemies, ce qui rend leurs attaques difficiles à anticiper. J’ai souvent adopté la technique « j’attaque, je recule, je me replace, je réattaque ». Ça fonctionne, mais ça manque de finesse.
L’énergie se recharge lentement, ce qui oblige à une approche plus méthodique. Il existe une façon spécifique de tuer les ennemis pour regagner de l’énergie, mais elle demande une certaine maîtrise.
On pourrait comparer le jeu aux premiers God of War, mais en beaucoup moins frénétique et sans les belles cinématiques. On récolte néanmoins beaucoup de globes de sang pour améliorer nos armes. Plusieurs équipements sont déblocables, ce qui offrira une bonne rejouabilité aux complétionnistes.

Coopération absente dans mon test
J’aurais aimé tenter l’expérience à plusieurs joueurs. Le plaisir aurait probablement été décuplé. Mais tant que certains problèmes majeurs ne sont pas réglés, le jeu pourrait rebuter une partie du public.

Verdict provisoire
En résumé, Cursed Blood propose une ambiance lourde, sinistre et macabre d’une grande réussite. Mais ses niveaux générés aléatoirement, parfois contraignants et mal calibrés, risquent d’en refroidir plusieurs. Le système de combat est adéquat, mais pas extrêmement prenant.
J’aurais aimé comprendre davantage les raisons de ce monde de découpage animalier anthropomorphe : l’univers est volontairement opaque, peut-être trop. Il reste beaucoup de travail à faire avant la sortie officielle, mais attendons avant de prononcer un verdict définitif.
Merci à David Marquardt Studios pour la copie du jeu.
Pour se procurer le jeu, c’est ici.


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