Le jeu Romancing SaGa: Minstrel Song Remastered est sorti le 12 janvier 2022 sur PC (via Steam), PlayStation 4, PlayStation 5, Nintendo Switch et Nintendo Switch 2. Il s’agit d’un JRPG développé par Bullets Co et édité par Square Enix. Le jeu est disponible au prix de 33,49 $. Il ne possède pas de doublage français, mais bénéficie d’une traduction complète en français.

Un retour fidèle à une expérience marquante
Romancing SaGa -Minstrel Song- Remastered représente l’une de ces rééditions qui choisissent de préserver l’essence brute de l’œuvre d’origine, quitte à conserver aussi ses angles rugueux. Ce remaster reste profondément respectueux de la version PlayStation 2 de 2005, avec ses forces, mais aussi ses limites techniques qui paraissent aujourd’hui encore plus voyantes. On sent immédiatement que Square Enix a voulu mettre de l’avant la structure narrative unique de la série SaGa, tout en rendant le jeu plus accessible pour un public moderne grâce à quelques améliorations de confort. Toutefois, cette volonté se heurte parfois à des choix qui trahissent le poids des années et qui pourraient dérouter ceux qui découvrent la franchise pour la première fois.

Un récit éclaté et ambitieux
L’un des éléments les plus marquants du jeu — et probablement son plus grand atout narratif — est la présence de plusieurs histoires distinctes, chacune centrée sur un protagoniste différent. À une époque où la plupart des RPG misent sur une narration linéaire, Romancing SaGa propose depuis toujours une approche plus libre, presque expérimentale, et ce remaster ne fait pas exception. Chaque personnage dispose de son propre arrière-plan, de motivations uniques et d’un chemin narratif qui peut diverger radicalement selon les choix du joueur. Cette structure en « free scenario » donne au récit une grande richesse et une impression réelle d’aventure personnelle.

Le jeu ne prend toutefois pas le joueur par la main. Le récit ne se déroule pas de manière traditionnelle : on ne suit pas un fil conducteur clair, on ne reçoit pas toujours d’indications évidentes, et plusieurs événements ne s’activent que dans des conditions précises. Cela rend l’exploration narrative souvent fascinante, parfois frustrante. On a constamment l’impression d’avancer dans un monde vivant, mais aussi de manquer des morceaux de l’histoire parce que rien ne s’enchaîne automatiquement. Malgré cela, chaque protagoniste apporte un ton différent : certains arcs sont plus dramatiques, d’autres plus mystiques ou terre-à-terre, et c’est cette diversité qui donne au jeu son charme singulier. Même si l’approche peut déstabiliser, elle offre un récit profondément personnel, rarement identique d’un joueur à l’autre.

Des mécaniques de combat solides et bien expliquées
Là où Romancing SaGa -Minstrel Song- Remastered s’en sort très bien, c’est dans son système de combat. Le tour par tour est dynamique, clair et surtout très bien expliqué, ce qui n’était pas forcément le cas des versions plus anciennes de la série. Les nouveaux venus au genre, ou même ceux qui ont connu la version PS2 à l’époque — apprécient sans doute la manière dont le jeu décrit mieux les mécaniques, les compétences et la gestion de l’équipe.

La gestion des membres du groupe est d’ailleurs un des aspects les plus satisfaisants. Chaque personnage s’améliore selon l’utilisation de ses capacités, et la progression ne suit pas une structure traditionnelle basée sur un simple niveau fixe. Cela encourage l’expérimentation, le changement de style et la construction d’équipes variées. Les combats demandent une certaine réflexion, sans devenir injustes ou inutilement complexes. C’est un bon équilibre entre tactique et accessibilité.

La trame sonore, composée par Kenji Ito, demeure exceptionnelle. Dans cette version remasterisée, elle conserve toute son énergie, ses mélodies entraînantes et ses thèmes plus dramatiques. Pour beaucoup, cette bande-son est ce qui rend les combats encore plus mémorables.

Un remaster timide sur le plan visuel
L’un des reproches les plus difficiles à ignorer concerne les graphismes, qui manquent d’attention malgré l’étiquette « remastered ». Le jeu conserve ses cinématiques de 2005, ce qui donne un résultat assez daté, surtout en comparaison avec les standards actuels du genre. Le doublage vocal, bien que respectable, sonne lui aussi un peu vieillot, renforçant l’impression que la mise à jour audiovisuelle est restée superficielle.

Sur Nintendo Switch particulièrement, le jeu semble avoir reçu encore moins de soin. Certaines textures paraissent floues, les environnements manquent de détails, et l’ensemble donne l’impression que le remaster aurait pu, et dû, offrir un rafraîchissement plus ambitieux. Ce n’est pas injouable, loin de là, mais on sent que l’amour mis dans le reste du projet ne s’est pas pleinement reflété dans la partie visuelle.

Une exploration parfois frustrante
Le principal défaut du jeu reste son manque d’indications pour les quêtes. On passe souvent d’une zone à l’autre sans savoir exactement quoi faire, avec un sentiment récurrent de tourner en rond. L’exploration est libre, oui, mais trop souvent le jeu mène à errer inutilement pour faire avancer une quête qui n’offre presque aucune récompense autre que du « grind ». Cela peut plaire aux joueurs déterminés, mais risque d’en décourager d’autres.

Conclusion
Romancing SaGa -Minstrel Song- Remastered est un remaster sincère, mais pas toujours généreux. Il propose une expérience narrative éclatée, des combats très solides et une bande-son remarquable. Mais il traîne aussi des lacunes visuelles, un doublage daté et une progression parfois opaque. Pour ceux qui aiment les RPG atypiques, il offre une aventure unique. Pour les autres, il peut sembler exigeant et un peu figé dans le passé.

Merci à Square Enix pour la copie du jeu.

Pour se procurer le jeu, c’est ici.

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