Développé par le studio indépendant Ironward Forge, Of Ash and Steel est rapidement devenu un sujet de discussion dans le milieu du RPG historique. Non pas seulement pour ses qualités, nombreuses malgré un budget limité, mais aussi pour une raison impossible à ignorer : le jeu reprend énormément d’éléments visuels, mécaniques et narratifs de Kingdom Come: Deliverance. À tel point qu’on pourrait presque parler de « clone ». Pourtant, malgré ce vernis très familier, le titre réussit quelque chose que l’on ne soupçonnait pas au départ : il finit par développer son propre charme, sa propre atmosphère, et une boucle de gameplay satisfaisante qui donne envie de pousser toujours un peu plus loin.

C’est un jeu imparfait, parfois maladroit, mais étonnamment attachant.

Un RPG médiéval qui respire l’inspiration… parfois un peu trop
Il serait malhonnête de parler de Of Ash and Steel sans aborder le sujet principal qui lui a collé à la peau dès l’annonce : oui, le jeu emprunte énormément à Kingdom Come: Deliverance. La perspective immersive, les animations de combat, l’influence des systèmes de survie, la présentation des villages, le découpage des quêtes, la structure du HUD… tout rappelle le chef-d’œuvre de Warhorse Studios.

Of Ash and Steel n’essaie même pas vraiment de s’en cacher : les premières heures de jeu donnent parfois l’impression d’être devant une version « modée » ou « low budget » de KCD, avec des environnements, des mouvements et même certains visages qui semblent presque collés par-dessus un squelette préexistant.

Mais là où cela aurait pu totalement échouer, le jeu réussit à tirer avantage de cette approche.
Plutôt que de tenter d’imiter la profondeur et la complexité de son modèle, Of Ash and Steel simplifie beaucoup de mécaniques, rendant l’expérience plus accessible, plus directe et finalement moins frustrante. On y perd un peu de réalisme, mais on y gagne en fluidité.

Une aventure plus courte, mais plus rythmée
Contrairement à d’autres RPG médiévaux à monde ouvert qui misent sur des dizaines d’heures de quêtes, Of Ash and Steel propose une aventure plus modeste, plus condensée et donc plus facile à suivre. L’histoire se déroule dans un petit territoire ravagé par la guerre, où le protagoniste, un forgeron malgré lui entraîné dans un conflit, doit se frayer un chemin entre loyautés instables, représailles militaires et survie quotidienne.

Le jeu raconte peu de choses nouvelles, mais il les raconte efficacement :

  • les personnages secondaires, bien que souvent raides dans leurs animations, sont bien écrits;
  • les quêtes sont plutôt bien enchaînées;
  • la progression est fluide et sans fioritures inutiles.

La narration n’atteint jamais le niveau de richesse d’un KCD, mais elle s’en tire avec honneur grâce à un rythme constant et un ton plus léger, parfois même un peu naïf, qui lui donne une ambiance propre.

Des animations faciales ratées… vraiment ratées
C’est probablement le point le plus critiqué du jeu, et à raison.

Les animations faciales sont, dans bien des scènes, catastrophiques.
Les lèvres bougent sans synchronisation, les yeux semblent figés ou clignent trop tard, et les expressions manquent cruellement de nuance. On croirait parfois voir un jeu de 2010 mal remasterisé. Les cinématiques souffrent particulièrement de ce manque de finition et peuvent sortir le joueur de l’immersion.

Ce n’est pas rédhibitoire, surtout pour un jeu de ce calibre, mais ces problèmes sont tellement visibles qu’ils deviennent difficiles à ignorer. Cela donne un aspect « rigide » à presque tous les dialogues.

Un gameplay solide, simple mais efficace
Le système de combat est l’un des domaines où Of Ash and Steel surprend positivement.
Bien que fortement inspiré de KCD, il réussit à offrir une version plus légère et plus fluide, moins exigeante en timing strict. Les esquives sont plus permissives, le système de blocage automatique plus tolérant, et les armes ont un feeling agréable malgré des animations parfois un peu rigides.

Le crafting, la gestion de l’équipement et les petites touches de survie ajoutent une couche intéressante au gameplay sans jamais l’alourdir.

Les environnements, même s’ils manquent de la densité d’un AAA, sont plutôt beaux : prairies, villages brûlés, forêts sombres… Le jeu compense ses limites techniques par une direction artistique cohérente et un sens de l’atmosphère très honnête.

Un charme inattendu
Ce qui surprend le plus dans Of Ash and Steel, c’est à quel point, passé le choc initial des ressemblances, le jeu développe une atmosphère distincte.
L’écriture, les musiques plus douces, la taille réduite de la carte, la simplicité des systèmes… tout ça contribue à une sensation différente, presque plus intime.

Là où KCD vise la simulation historique extrême, Of Ash and Steel choisit quelque chose de plus humain, de plus petit, de plus chaleureux malgré la guerre en toile de fond.

On finit par s’attacher.

Forces

  • Ambiance crédible et charmante malgré un budget modeste
  • Combat accessible et agréable
  • Rythme narratif bien dosé et progression fluide
  • Monde cohérent et atmosphère immersive
  • Systèmes simplifiés mais efficaces

Défauts

  • Animations faciales vraiment catastrophiques
  • Trop d’éléments copiés/collés de Kingdom Come: Deliverance
  • Manque de finition technique
  • Monde un peu vide par moments

Verdict
Of Ash and Steel est le genre de jeu qui aurait pu s’effondrer sous ses inspirations trop visibles. Mais au lieu de ça, il réussit à trouver sa propre voie, à donner envie de continuer et même à offrir une aventure plus attachante qu’on ne l’imaginait.

Un RPG imparfait, parfois maladroit, mais sincère et étonnamment charmant.

Avec un peu plus de polish et plus d’originalité, on aurait pu tenir là une véritable pépite. En l’état, c’est un très bon RPG de niche, à recommander aux amateurs de médiéval réaliste qui acceptent quelques compromis.

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