Une belle coquille vide dans l’univers Conjuring
Commençons par le début de cette saga, quand j’ai lancé La Nonne j’espérais pas grand chose, mais j’espérais retrouver cette tension sourde et cette horreur élégante qui font le sel des meilleurs films du Conjuring Universe. Visuellement, le film coche pas mal de cases : une abbaye perdue en Roumanie, des couloirs sombres, des crucifix inversés, une brume omniprésente… Bref, tout ce qu’il faut pour installer une ambiance gothique qui claque. Et là-dessus, Corin Hardy ne se rate pas. L’image est léchée, la direction artistique est solide, et certaines scènes sont franchement belles à regarder.

Mais très vite, on sent que le film mise plus sur le tape-à-l’œil que sur la tension. Les jump-scares sont partout, souvent prévisibles, et finissent par casser le rythme. On est plus dans le réflexe que dans la peur viscérale. Là où Conjuring jouait sur le malaise et la suggestion, La Nonne balance ses effets sans retenue, comme si le spectateur devait sursauter toutes les cinq minutes pour rester engagé. Perso, ça m’a vite sorti du film.

Côté scénario, c’est assez plat
Le Vatican envoie le père Burke (Demian Bichir) et sœur Irene (Taissa Farmiga) enquêter sur le suicide d’une nonne dans une abbaye isolée. Ils sont rejoints par Frenchie, un villageois un peu trop cool pour le contexte. Ensemble, ils découvrent que l’endroit est hanté par Valak, le démon en soutane qu’on avait déjà croisé dans Conjuring 2. Sur le papier, ça tient la route. Mais dans les faits, l’histoire avance sans réelle tension dramatique, les personnages sont peu développés, et les dialogues manquent cruellement de finesse.

Taissa Farmiga fait ce qu’elle peut, et elle a une vraie présence à l’écran. Mais son personnage reste trop effacé, presque spectateur de l’intrigue. Demian Bichir, lui, incarne un prêtre tourmenté avec conviction, mais son arc narratif est sous-exploité. Quant à Frenchie, il apporte une touche d’humour qui aurait pu fonctionner… si elle n’avait pas autant déséquilibré l’ambiance. On passe du succès à l’échec en quelques répliques, et ça ne colle pas.

Et puis il y a Valak. Visuellement, c’est une réussite : son visage blafard, ses yeux perçants, son voile noir… elle est flippante, c’est clair. Mais à force de la montrer, de la faire surgir à tout bout de champ, le film désamorce sa propre menace. On n’a plus peur, on s’habitue. Elle devient une figure de foire, un monstre de parc d’attractions, loin de la présence insidieuse qu’elle incarnait dans Conjuring 2. C’est dommage, parce qu’il y avait matière à creuser une vraie mythologie autour d’elle.

En tant que spin-off, La Nonne essaie de raccrocher les wagons avec le reste de l’univers, notamment via une scène finale qui fait le lien avec les Warren. Mais cette tentative de cohérence paraît forcée, presque artificielle. On sent que le film veut capitaliser sur le succès de la franchise, sans vraiment enrichir son lore. C’est un produit dérivé, pas une extension organique.

Alors oui, La Nonne a ses moments. Quelques plans marquent, l’ambiance visuelle est là, et pour ceux qui aiment les frissons immédiats, ça peut faire le job. Mais pour moi, c’est un film qui passe à côté de son potentiel. Il aurait pu être une plongée glaçante dans l’horreur religieuse, une exploration du sacré corrompu, mais il se contente de recycler des effets faciles et de survoler ses propres enjeux.

En résumé
Une belle coquille, mais vide. Si tu veux du fond, passe ton chemin. Si tu veux juste sursauter dans le noir, pourquoi pas. Mais ne t’attends pas à retrouver la finesse d’un Conjuring ou la tension d’un Annabelle: Creation. La Nonne, c’est du fast-horror : ça se consomme vite, ça s’oublie tout aussi vite.

Pour visionner le film, c’est ici.

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