
Publié le 3 juillet 2025 par les éditions Komikku, Gizmo Riser est une œuvre de Roku Souna qui s’inscrit dans le genre science-fantasy, mêlant technologie et univers mystique. Proposé au prix de 14,95 $, ce premier tome invite les lecteurs à découvrir un monde vertical où l’oppression sociale se traduit littéralement par la hauteur des niveaux. Une aventure à la croisée de la science-fiction et du récit initiatique.
Résumé
Dans le pays d’Ulnaria, la société est divisée en plusieurs niveaux et les différences de statut sont considérées comme absolues. Un jeune garçon nommé Claw, qui est réduit en esclavage dans la couche la plus basse, se voit confier un « Gizmo », un équipement capable de défier l’ordre établi. Grâce à lui, Claw parvient à s’échapper du niveau le plus bas et entrevoit la vérité cachée du monde.. Même si le monde entier lui devient hostile, il fera tout pour obtenir sa liberté ! .
Une dystopie verticale bien construite
Dès les premières pages, Roku Souna parvient à poser un décor cohérent et immersif. Le concept d’un monde structuré par la hauteur n’est pas entièrement nouveau, mais il est ici utilisé de manière efficace pour illustrer la fracture sociale. Chaque étage possède sa propre architecture, sa lumière, son atmosphère : en bas, la crasse et la suie ; en haut, la blancheur aveuglante du pouvoir.
Ce contraste visuel fort sert à ancrer la thématique principale : l’oppression. L’auteur ne cherche pas à dissimuler son propos ; il le met en scène avec une franchise qui rappelle des œuvres comme Attack on Titan ou Made in Abyss, où la verticalité devient une métaphore du contrôle et de la peur.
Le lecteur comprend rapidement que cette ascension ne sera pas seulement physique : elle incarne la lutte contre un système injuste et le passage d’un monde d’obéissance à un monde de liberté.
Un héros typique, mais attachant
Claw (parfois appelé Kuro dans certaines versions) n’est pas un personnage révolutionnaire dans sa conception, mais il fonctionne. Il incarne le protagoniste shônen par excellence : jeune, naïf, mais porteur d’une rage silencieuse. Ce qui le rend plus crédible, c’est la sincérité de ses émotions. Plutôt que de se poser immédiatement en sauveur, il agit d’abord par instinct de survie et par colère.
Cette approche donne au personnage une humanité bienvenue : il ne cherche pas à devenir un héros, il veut juste comprendre pourquoi son monde est brisé. C’est cette sincérité qui lui permet de gagner l’empathie du lecteur, même si son développement reste encore limité dans ce premier volume.
L’auteur prend aussi le temps d’évoquer son lien avec son oncle, élément moteur du récit. La scène de transmission du Gizmo n’est pas simplement un prétexte narratif : elle porte une charge émotionnelle réelle et justifie les motivations du protagoniste.
Le Gizmo : un symbole plus qu’un gadget
Le fameux « Gizmo » est l’élément central de la série. À première vue, il s’agit d’un gant technologique ou d’un exosquelette de combat, mais son rôle dépasse la simple fonction d’arme. Il incarne la possibilité de s’émanciper grâce à la connaissance et à la technologie.
Roku Souna introduit ainsi un contraste intéressant entre un peuple écrasé par la foi aveugle dans les traditions et un héros qui, lui, ose utiliser l’innovation pour se libérer.
Sur le plan visuel, les scènes d’action mettant en jeu le Gizmo sont fluides et lisibles : l’auteur maîtrise bien le rythme des combats, sans tomber dans l’excès de traits de vitesse ou de surenchère. Les planches ont un vrai sens de la verticalité ; on ressent la gravité, le poids, la montée, autant de métaphores parfaitement intégrées à la narration.
Une mise en scène efficace, mais encore prudente
Graphiquement, Gizmo Riser se distingue par un trait énergique, parfois brut, mais toujours expressif. L’auteur semble s’être inspiré de productions modernes tout en conservant une certaine sobriété. Les décors, bien que pas toujours détaillés, transmettent une vraie sensation d’espace et de profondeur.
Cependant, on sent que Roku Souna reste prudent dans sa mise en scène : il préfère installer ses bases plutôt que de choquer ou de surprendre. Le résultat est solide, mais un peu trop sage pour se démarquer réellement.
Le découpage des planches est efficace, notamment dans les séquences d’ascension, où la mise en page épouse littéralement le mouvement vertical. En revanche, certaines transitions sont abruptes, donnant parfois une impression de précipitation dans le rythme narratif.
Des personnages secondaires encore en retrait
L’un des points faibles de ce premier tome réside dans le manque de développement des personnages secondaires. On croise quelques figures intrigantes, un soldat désabusé, une jeune fille mystérieuse, mais elles ne dépassent pas encore leur rôle fonctionnel.
C’est dommage, car l’univers semble regorger de possibilités : la hiérarchie par niveaux aurait pu offrir un éventail d’individus aux motivations contrastées. Espérons que les prochains volumes prendront le temps d’explorer ces figures pour enrichir la portée sociale du récit.
Pour l’instant, l’ensemble reste centré sur Claw, ce qui est logique pour un tome 1, mais légèrement frustrant pour un lecteur curieux d’en apprendre plus sur le monde d’Ulnaria.
Un récit prometteur malgré une impression de déjà-vu
Ce premier tome ne révolutionne pas le genre du shônen dystopique, mais il en maîtrise les codes. On y retrouve les éléments familiers : un héros déchu, une société injuste, un pouvoir mystérieux, et une ascension vers la vérité. Là où Gizmo Riser tire son épingle du jeu, c’est dans sa cohérence visuelle et sa sincérité thématique.
Roku Souna ne cherche pas à impressionner par la complexité, mais à installer une base claire et solide. Et dans ce sens, le pari est réussi : le lecteur ressort de ce premier volume avec l’envie d’en savoir plus, surtout sur les secrets entourant le Gizmo et l’origine de cette structure sociale verticale.
Conclusion
Gizmo Riser Tome 1 est une entrée en matière efficace. Ni chef-d’œuvre, ni déception : un manga prometteur, bien construit, avec une direction claire. Son univers dystopique est cohérent, son protagoniste sincère, et son esthétique solide.
Il reste toutefois à confirmer que cette série saura sortir des sentiers battus et donner une véritable personnalité à son monde et à ses personnages. Si les volumes suivants développent la mythologie du Gizmo et approfondissent les dilemmes moraux, Gizmo Riser pourrait bien s’imposer comme une belle surprise dans le catalogue de Komikku.
Merci à Interforum pour la copie du manga.

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