Quand la loyauté devient le plus dangereux des sorts
Disponible depuis le 22 août 2025, Witch and Hound #03 est signé Rainy Kamitsuki et Al, publié chez Mana Books dans la collection du même nom.
Proposé à 15,95 $, ce troisième tome poursuit l’aventure sombre et envoûtante entamée dans les volumes précédents, où se mêlent politique, magie et morale dans un monde qui ne pardonne ni la faiblesse… ni la compassion.

Les tomes précédents nous avaient laissé sur un équilibre fragile :
d’un côté, Rollo Duvel, le légendaire Chien Noir de Campusfellow, poursuivait sa mission au cœur du Royaume de Lowe, un territoire déchiré entre foi et sorcellerie ;
de l’autre, le Seigneur Grace, stratège implacable, tirait les ficelles d’une guerre silencieuse où chaque alliance dissimulait une trahison.
Et au centre de tout cela, une sorcière au destin trouble, convoitée autant par le pouvoir que par la peur, rappelait que la frontière entre le monstre et l’humain n’est jamais aussi nette qu’on le croit.

Quand les vérités enfouies refont surface
Alors que Rollo Duvel s’infiltre une seconde fois pour libérer la Sorcière, il met la main sur des informations cruciales, capables de bouleverser l’équilibre déjà fragile entre les royaumes. Lors de leur échange, il tente de rallumer en elle la flamme de l’espoir, éteinte depuis la mort de son amant, le Roi des Lions du Royaume de Lowe — une tragédie qui hante encore les ombres du palais.

Mais pendant ce temps, loin du tumulte de cette évasion, le Seigneur Grace assiste à un banquet organisé par Omra Lowe. Ce qui devait être une simple réception diplomatique se transforme peu à peu en un piège redoutable : un plan savamment orchestré, dont les véritables intentions ne tarderont pas à éclater au grand jour.

C’est dans ce contexte tendu que Rollo dévoile enfin des fragments du passé du Roi des Lions — des vérités longtemps dissimulées, des confidences qu’il semblait prêt à emporter dans la tombe. Des révélations capables de tout faire basculer…

Quand la tension devient un art du silence
Ce troisième tome confirme la maîtrise narrative de Rainy Kamitsuki. Le récit reste d’une précision chirurgicale, sans jamais tomber dans le bavardage inutile. Chaque scène trouve son équilibre entre tension, émotion et mystère, donnant au lecteur l’impression de suivre une partie d’échecs où la moindre parole peut devenir une arme.

L’un des choix les plus marquants de ce volume est la façon dont l’auteur décide de laisser les images raconter. Plutôt que de saturer les pages de texte, Kamitsuki et Al préfèrent confier au silence, aux regards et aux gestes la charge dramatique du récit. Ce parti pris donne un rythme fluide et immersif, renforcé par une mise en scène presque cinématographique.

La narration alterne subtilement entre la gravité du présent et le poids des souvenirs, sans jamais rompre la cohérence du fil conducteur. Les révélations autour du Roi des Lions et des secrets d’État qui s’y rattachent apportent une dimension politique et émotionnelle plus forte que dans les volumes précédents. On sent que la guerre des convictions prend doucement le pas sur la guerre des royaumes.

En somme, ce troisième tome ne se contente pas de faire monter la tension : il l’étouffe, la comprime, la rend presque tangible. Chaque silence devient suspect, chaque dialogue dissimule une menace. L’élégance narrative propre à Witch and Hound demeure, mais elle se charge ici d’une gravité nouvelle, presque suffocante. L’histoire frappe fort, sans prévenir, et nous entraîne dans un tourbillon d’émotions et de révélations qui ne laisse aucune échappatoire.

Quand les masques tombent et que la loyauté vacille
Ce troisième tome approfondit la complexité des personnages, chacun avançant sur le fil du mensonge et du devoir.
Omra Lowe règne comme un marionnettiste dans l’ombre. Charismatique, calculateur et d’un calme glaçant, il orchestre chaque événement avec une précision presque divine. Le banquet qu’il organise n’est pas une réception politique, mais un piège à ciel ouvert où chaque invité devient acteur malgré lui. Chez lui, chaque mot est un piège, chaque sourire une menace.

Le Seigneur Grace, de son côté, découvre que ses alliances reposent sur du sable. Stratège de génie, il réalise peu à peu qu’il n’est peut-être qu’un pion sur l’échiquier d’Omra Lowe. Son masque de maîtrise se fissure, laissant apparaître une humanité inattendue.

Hartland Pablo, commandant des Chevaliers de Fer Brûlant, incarne la rigueur et la loyauté d’un soldat, mais son rôle dépasse celui du simple bras armé. Il devient le symbole tragique du prix de la fidélité dans un monde où la vérité est une arme.

Enfin, Teresalisa. Sauvée grâce à la requête de la Princesse Blanche-Neige, elle demeure l’énigme la plus captivante du tome. Sous son calme apparent se cache une lassitude profonde, un désespoir contenu… jusqu’à ce que Rollo lui révèle certaines vérités liées à son passé et à celui du défunt Roi des Lions.
La façade se fissure, et sous cette douleur naît une force redoutable — une magie brute, presque incontrôlable. Ce moment bref mais intense rappelle qu’ici, le danger ne vient pas toujours de la haine, mais parfois du désespoir lui-même.

Quand chaque trait devient une incantation silencieuse
Ce troisième tome de Witch and Hound est une véritable démonstration artistique.
Minori Tsukahara continue d’affiner un style déjà impressionnant, jouant sur la tension entre beauté et brutalité. Chaque page semble respirer la magie — ou la crainte qu’elle inspire. Les ombres se font plus denses, la lumière plus tranchante, et les visages portent une intensité émotionnelle rare.

Là où le deuxième tome se montrait plus contemplatif, celui-ci embrasse la démesure : les regards, les postures, les mouvements dégagent une énergie viscérale. Même sans explosion de sortilèges, chaque geste semble guidé par une force invisible. Les scènes d’action, chorégraphiées avec précision, n’éclipsent jamais la tension dramatique : elles la renforcent.

La mise en page, elle aussi, évolue. Plus audacieuse, plus contrastée, elle accompagne parfaitement la montée en puissance du récit. On sent la main d’un artiste qui ne cherche pas la surenchère visuelle, mais le moment juste — celui où la ligne, le silence et le souffle s’alignent.

Enfin, il faut souligner la beauté du design des sorcières et des chevaliers : leurs silhouettes, à mi-chemin entre élégance et menace, donnent à ce monde une identité visuelle unique. Ce mélange de clair-obscur, de grâce et de fureur, rend la lecture à la fois envoûtante et inquiétante.

Quand la guerre révèle la noirceur des hommes
Dans ce troisième tome, Witch and Hound quitte le territoire du secret pour entrer dans celui du conflit.
Ce n’est plus une lutte d’ombres ou de manigances : c’est le début d’une guerre annoncée, où la magie et la foi deviennent des armes idéologiques. Et c’est justement dans ce chaos que Rainy Kamitsuki expose la part la plus sombre du cœur humain.

Le thème de la guerre n’est pas ici glorifié — il est dépouillé de tout héroïsme. Ce que l’on voit, ce sont des êtres prêts à tout pour leur cause : mentir, trahir, manipuler, posséder, sacrifier.
La guerre devient le miroir parfait de la corruption morale, un terrain où les convictions se transforment en instruments de destruction.

Les idéaux de loyauté, d’honneur et de justice, si chers aux chevaliers et aux nobles de Campusfellow, vacillent face à la peur et à la soif de pouvoir. Même la magie, autrefois perçue comme une force d’équilibre, devient un catalyseur de haine et de revanche.
Et pourtant, dans cette noirceur totale, quelques fragments d’humanité subsistent — des regards, des gestes, des choix minuscules qui rappellent que la lumière, aussi faible soit-elle, continue de résister.

Ce tome met à nu la véritable nature de la guerre : non pas un affrontement entre nations, mais un combat intérieur, entre ce que l’on croit être juste… et ce que l’on est prêt à faire pour le prouver.

Quand la loyauté devient une malédiction
Ce troisième tome m’a profondément marqué. L’intensité dramatique atteint ici un sommet inattendu : là où les précédents volumes préparaient le terrain, celui-ci déclenche l’orage. C’est un chaos émotionnel et politique d’une ampleur rare.

La tension entre loyauté et libre arbitre y est constante. Chaque personnage avance dans une toile de serments et de souvenirs qui l’empêche d’être libre. La guerre, elle, n’est pas montrée comme une série d’affrontements, mais comme une contamination morale — une ombre rampante dans les dialogues et les silences avant la bataille. Ces moments suspendus m’ont donné des frissons, surtout dans les échanges entre Rollo et la sorcière, où compassion et peur se mêlent.

Visuellement, chaque page semble plus lourde que la précédente. Le ton s’assombrit, la tension devient presque hypnotique. Certaines révélations surprennent, d’autres dérangent, mais rien n’est gratuit : tout a un sens, tout sert la vérité.

Witch and Hound #03 n’est pas une simple suite — c’est une fracture. Celle d’un monde où les idéaux s’effondrent et où même les héros doutent de leurs propres combats.

Verdict final
Un tome d’une intensité brute, où la loyauté se change en fardeau, et où la guerre met à nu la vérité que tous redoutaient d’affronter.

Merci à Interforum pour la copie du livre.

Pour se procurer le manga, c’est ici.

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