
Le rakugo comme héritage et revanche
Dès les premières pages de Akane-banashi, j’ai su que ce manga allait me parler autrement et clairement me sortir de ma zone de confort. Publié le 7 mai 2025 par Ki-oon, ce premier tome de 192 pages est scénarisé par Yuki Suenaga et illustré par Takamasa Moue.
Ce qui m’a accroché, ce n’est pas juste le pitch, une jeune fille qui veut venger son père injustement exclu d’un art ancestral mais la manière dont le manga transforme cette quête en une ode au rakugo, cet art du conte japonais où un seul interprète donne vie à une multitude de personnages, armé d’un éventail et d’un carré de tissu. Akane-banashi est à la fois un récit d’apprentissage, une revanche sociale, et une lettre d’amour au théâtre oral.
Une héroïne en quête de voix
Akane, lycéenne vive et déterminée, voit son père Toru échouer brutalement à l’examen qui devait faire de lui un maître conteur. Humilié et exclu sans explication, il abandonne le rakugo. Mais Akane, elle, décide de reprendre le flambeau. Ce n’est pas juste une vengeance : c’est une manière de redonner sens à l’héritage paternel, de faire entendre une voix que l’institution a voulu taire.
Ce que j’ai adoré, c’est qu’Akane ne cherche pas à imiter son père. Elle veut le dépasser, le réinventer. Elle observe, elle apprend, elle improvise. Et surtout, elle comprend que le rakugo n’est pas qu’un art figé : c’est un espace de liberté, de jeu, de subversion. Elle y injecte sa propre énergie, son humour, sa rage douce.
Le rakugo comme terrain de jeu narratif
Le manga réussit un tour de force : rendre visuel un art fondé sur l’oralité. Chaque performance est mise en scène avec une tension dramatique, des cadrages dynamiques, des silences éloquents. On voit Akane se transformer sur scène, incarner des personnages, captiver son public. Et nous, lecteurs, on est ce public.
Mais Akane-banashi ne se limite pas à l’art du spectacle. Il interroge aussi les codes sociaux, les hiérarchies, les traditions. Le rakugo est un monde d’hommes, de maîtres, de règles tacites. Akane y entre comme une intruse, une rebelle. Et c’est là que le manga devient politique, sans jamais être lourd : il montre comment l’art peut être un levier d’émancipation.
Une narration fluide et intelligente
Narrativement, le tome 1 est très bien rythmé. On alterne entre flashbacks, scènes d’entraînement, moments de doute et fulgurances sur scène. Le duo Suenaga-Moue maîtrise l’équilibre entre émotion et humour, entre introspection et action. Les dialogues sont ciselés, les expressions faciales très expressives, et les transitions entre les scènes sont super bien illustrées.
Ce qui m’a marqué, c’est la manière dont il nous fait ressentir la montée en puissance d’Akane. Elle n’est pas parfaite, elle doute, elle trébuche. Mais elle a ce feu intérieur, cette capacité à transformer la douleur en énergie créative. Et ça, c’est inspirant.
Une lecture qui donne envie de parler
Akane-banashi est avant tout un manga qui donne envie de partager, de discuter, de faire découvrir le rakugo à ceux qui ne le connaissent pas.
Merci à Interforum pour la copie du livre.

Pour se procurer le manga, c’est ici.


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