En tant qu’amateur de thrillers coréens, j’attendais Mantis avec une certaine excitation. Spin-off du très efficace Kill Boksoon (2023), ce film réalisé par Lee Tae-sung et diffusé sur Netflix en septembre 2025 nous transporte dans l’univers impitoyable des assassins professionnels. Sur le papier, tout semblait réuni pour un cocktail explosif: une industrie en crise, des rivalités anciennes qui refont surface… Mais à l’écran, le résultat reste plus tiède que tranchant.

Une galerie de personnages prometteuse
Le protagoniste, Han-ul alias “Mantis”, incarné par Yim Si-wan, reprend du service dans un monde où les règles ont changé. Il fait face à Jae-yi, une ancienne camarade devenue rivale, et à Dok-go, un assassin légendaire désormais à la tête de l’organisation MK Entertainment.

Le casting est solide. Yim Si-wan incarne un personnage froid et calculateur, Park Gyu-young impose une adversaire redoutable, et Jo Woo-jin apporte une tension subtile dans son rôle de mentor ambigu. Pourtant, malgré leur talent, les personnages manquent de consistance. Le film évoque leurs blessures, leurs conflits, leurs ambitions… sans jamais les explorer en profondeur. On reste en surface là où il aurait fallu creuser.

Une mise en scène léchée mais répétitive
Visuellement, Mantis est irréprochable. L’esthétique est sombre, stylisée, parfois hypnotique. Les scènes d’action sont chorégraphiées avec précision, et la caméra capte bien l’intensité des confrontations. On retrouve cette signature coréenne qui mêle élégance et brutalité, avec des décors urbains froids et des jeux de lumière maîtrisés.

Mais au fil du récit, cette maîtrise visuelle finit par tourner en rond. Les affrontements se ressemblent, les dialogues peinent à faire avancer l’intrigue, et le rythme s’essouffle. Le film semble hésiter entre introspection et action, sans jamais trouver le bon équilibre.

Un univers riche, mais sous-exploité
Ce qui m’a frustré, c’est le potentiel inexploité de l’univers. Le monde des tueurs à gages est présenté comme une industrie en déclin, où même les meilleurs peinent à décrocher des contrats. Une idée brillante, presque satirique, qui aurait pu donner lieu à une critique sociale mordante. Mais le scénario préfère les confrontations stylisées aux réflexions de fond.

Le lien avec Kill Boksoon est discret. Les fans espéraient sans doute des croisements narratifs, des révélations, des clins d’œil plus marqués. Ici, Mantis fonctionne comme une extension autonome, mais sans la densité émotionnelle de son prédécesseur.

Une fin qui manque de mordant
Le dénouement, bien que cohérent, laisse un goût d’inachevé. Les enjeux sont résolus sans grande surprise, et le film ne propose ni twist marquant ni conclusion mémorable. On termine avec l’impression d’avoir assisté à une démonstration technique, mais sans véritable impact émotionnel.

Bref, Mantis est un thriller élégant, porté par un univers intrigant et une réalisation soignée. Mais il lui manque ce supplément d’âme, cette intensité narrative qui transforme un bon film en grand film. Si tu apprécies les ambiances stylisées et les duels silencieux, tu y trouveras ton compte. Mais si tu cherches une histoire qui te hante après le générique, Mantis risque de te laisser sur ta faim.

Pour visionner le film, c’est ici.

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