
Une fin de série mémorable
Une autre grande série qui vient de se conclure. Le premier tome a été publié en 2016, ce qui signifie qu’il y a presque dix ans, et je n’arrive pas à le croire. Avec le temps, mon intérêt pour le style shonen s’est éloigné, peut-être par maturité ou tout simplement à cause d’un changement de goût. Cependant, cette série m’a cependant maintenu connecté à cet univers pour plusieurs raisons, notamment parce qu’elle véhicule de bonnes valeurs telles que le dépassement de soi, la force des liens humains, l’esprit d’équipe, l’intelligence, la ténacité, et autres qualités similaires.
Ce que j’apprécie dans une série, c’est lorsque le scénario reste cohérent et fluide du début à la fin, même avec un grand nombre de personnages ou de volumes. C’est justement ce que j’ai trouvé ici, une atmosphère et une narration harmonieuses jusqu’à l’épilogue. D’ailleurs, je pense que le mangaka possède un vrai talent pour concevoir autant de personnages qui sont à la fois bien développés et attachants. Même les personnages secondaires ont chacun leur propre place et leur importance. J’ai pris plaisir à suivre leur évolution et à découvrir la diversité des pouvoirs qu’ils possèdent. Sans vouloir spoiler, pour moi, la meilleure évolution du manga concerne Bakugo.
La thématique de la violence
J’ai lu, regardé et relu cette série à plusieurs reprises, et une thématique qui revient souvent est celle de la violence intrafamiliale. C’est une facette de l’histoire qui m’a particulièrement marqué, car je n’ai pas souvent rencontré une telle représentation des souffrances et des maltraitances subies par des adultes dans une œuvre de fiction. La série aborde de manière très poussée et détaillée des situations de violence conjugale, de maltraitance, d’abus, de traumatismes, de rejet familial, d’absence ou encore de harcèlement. Beaucoup de personnages ont vécu des expériences profondément horribles et difficiles, ce qui leur a laissé des cicatrices invisibles mais bien présentes dans leur parcours. Ce qui est très appréciable, c’est la façon dont cette thématique est traitée à chaque fois, avec beaucoup de sérieux et de respect, sans jamais tomber dans la facilité ou la complaisance.
Cela dit, ces comportements restent toujours inacceptables, même lorsqu’ils sont expliqués par un contexte difficile, et la série ne donne jamais l’impression de les justifier, bien au contraire. Certains personnages tentent malgré tout de se racheter, de sortir de leur passé ou de changer leur destin. La plupart du temps, pour un méchant ou un antagoniste, leur passé difficile explique en partie leur comportement, ce qui est un procédé narratif que l’on retrouve souvent, car il paraît naturel qu’une enfance marquée par la violence ou la tragédie puisse influencer leur développement. Cependant, ce qui est encore plus intéressant, c’est que d’autres personnages, malgré leur passé douloureux, ont choisi d’utiliser cette faiblesse ou cette blessure comme une source de force pour avancer, pour prouver qu’on peut dépasser ses traumatismes et devenir quelqu’un de meilleur. Cette distinction apporte une complexité supplémentaire à l’histoire, rendant chaque personnage plus humain et nuancé, ce qui enrichit la narration de façon significative.
Clôture difficile mais sincère
Clore une série aussi longue n’est jamais une tâche facile, et il est toujours difficile de satisfaire l’ensemble des spectateurs ou des lecteurs. La plupart du temps, la fin d’une telle œuvre peut provoquer des déceptions ou des frustrations chez une partie du public, car chacun a ses attentes et ses propres idées sur la conclusion idéale. Personnellement, j’ai été agréablement surpris par la façon dont Kohei Horikoshi a choisi de conclure son récit, en adoptant une fin à la fois douce et amère, qui reste fidèle à l’esprit de la série. Il a su maintenir cette tension entre l’ombre et la lumière, entre la victoire et le sacrifice, en inscrivant sa fin dans cette ligne directrice du quotidien héroïque qu’il a instaurée dès le départ.
Bien sûr, le combat final semble un peu expédié, ce qui peut décevoir certains fans. Les choix scénaristiques pour cette ultime confrontation s’inscrivent dans une logique assez classique dans les shonen, notamment avec des références évidentes à des œuvres comme Dragon Ball, dont Horikoshi s’inspire souvent. La façon dont cette dernière bataille est menée manque parfois d’originalité ou de surprises, et n’apporte pas une grande valeur ajoutée en soi. En réalité, l’auteur avait déjà investi beaucoup d’énergie, de profondeur et d’intensité dans la mise en scène, les enjeux, ainsi que dans le développement des personnages tout au long de la série. Ce final, bien qu’important, ne constitue pas le point culminant de la série : il reste une étape nécessaire pour achever cette longue aventure.
Ce que j’apprécie toutefois, c’est que, malgré certains raccourcis dans le dénouement, la fin réussit à conserver ce qui faisait la force de l’ensemble : cette ambiance particulière mêlant réalisme et fantastique, cette construction progressive des héros, ainsi que cette réflexion sur la nature du héros et du sacrifice. Au final, cette conclusion, même si elle ne révolutionne pas le genre, a le mérite de rester cohérente avec l’esprit de l’œuvre tout en laissant un certain sentiment d’accomplissement et de fermeture. Elle était sans doute incontournable, mais elle ne diminue en rien la portée globale de la série, qui restera dans l’esprit des fans comme une aventure marquante, marquante par ses thèmes, ses personnages et sa capacité à faire vibrer l’émotion.
L’après-combat : un regard réaliste
Ce qui s’est révélé particulièrement captivant, c’est tout ce qui se déroule après l’épisode final. Pour une fois, l’auteur prend le temps de dépeindre avec finesse ce qui se passe après le combat final, après la destruction, offrant une vision semi-réaliste qui, à mon sens, s’avère très enrichissante. Il utilise cette réalité pour explorer des thèmes tels que la reconstruction urbaine, la recherche d’une nouvelle voie héroïque, ou encore la réflexion sur le projet de vie des héros, anciens héros ou anciens antagonistes. Tout cela est abordé avec une grande sensibilité, ce qui lui donne une profondeur extraordinaire. Dans cette continuité très comics, qui était déjà présente dans les débuts de la série, une tendance parfois un peu perdue au profit d’une course effrénée à la puissance, on retrouve ici un retour aux sources, à une approche plus humaine et réaliste, et cela, de façon très réussie.
J’ai vraiment pris plaisir à voir la façon dont les héros se remettent de leurs blessures, leur processus de guérison, leur retour auprès de leur famille et de leurs proches, ainsi qu’à l’école. Les discussions qui émergent sur le futur des super-héros, les opinions de la population face à eux, sont aussi très riches émotionnellement. Les dialogues avec les anciens super-vilains, certains repentis, d’autres non, apportent une dimension supplémentaire, surtout lorsqu’ils évoquent leurs projets d’avenir et la nouvelle génération qu’ils cherchent à préparer. On ressent aussi une volonté de vivre une vie choisie, loin du simple combat, avec ses doutes, ses espoirs et ses rêves, ce qui confère à cette étape une tonalité douce-amère, profondément touchante.
Ce que je trouve admirable dans cette fin, c’est cette envie sincère de prendre soin de son prochain, qu’il soit simple citoyen ou super-héros. Il y a aussi cette nécessité de prendre le temps pour guérir, de laisser le temps à chacun de faire son deuil ou sa transition. L’histoire insiste aussi sur l’importance d’écouter l’autre, peu importe sa nature ou ses motivations — que cette personne soit bonne, mauvaise ou ambivalente — c’est cela même qui constitue l’essence même de la série. Tout cela contribue à créer une atmosphère à la fois douce et douloureuse, une fin qui à la fois apaise et invite à réfléchir, tout en restant fidèle à ce que la série a toujours voulu exprimer.
L’héritage d’un passionné
Ce n’est pas un final explosif qui conclut l’histoire, mais plutôt un hommage sincère qui rend hommage à l’esprit que l’auteur a voulu insuffler à la série depuis ses débuts, lui donnant ainsi ses lettres de noblesse. J’ai pris énormément de plaisir à suivre l’évolution des héros tout au long de leurs nombreux combats, à travers les différentes situations qu’ils traversent et leurs interactions. Ce final apaisé par excellence parvient à les intégrer dans la réalité du quotidien, offrant une fin empreinte de douceur et de réalisme. C’est une manière particulièrement élégante de refermer la série sur une note positive, remplie d’espoir, loin d’une simple quête de puissance démesurée.
Cette série m’a fait ressentir tout un éventail d’émotions. J’ai été en colère contre certains personnages, triste pour d’autres, plein d’empathie pour certains, heureux ou même dégoûté à certains moments. Certaines scènes restent profondément gravées dans ma mémoire en raison de leur intensité émotionnelle, des sentiments qu’elles ont suscités en moi, et je suis certain que je ne pourrai jamais les oublier. La bande sonore de l’anime mérite également d’être soulignée : elle est tout simplement magnifique, renforçant chaque scène avec une force palpable.
Ce long voyage qu’a été cette série m’a porté durant plusieurs années, et je compte bien la garder tout proche de moi encore longtemps. Je tiens à remercier sincèrement cet auteur pour cette œuvre extraordinaire, qui, par son univers et ses personnages, a laissé une empreinte indélébile dans mon cœur.
Merci Kohei Horikoshi.
Merci à Interforum pour la copie du livre.

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