
Après trois premiers tomes qui ont posé les bases de l’univers et des personnages, L’Enfant du Dragon Fantôme revient avec un quatrième volume plus court (chapitres 19 à 25) mais riche en révélations, en émotions et en sublimes illustrations. Bien qu’il soit un peu moins dense que ses prédécesseurs, ce tome se distingue par la qualité de son ambiance, la mise en avant de nouveaux personnages marquants et une intrigue qui commence à aborder des thèmes plus profonds autour de la famille, du deuil et de la finitude.
Un rappel bienvenu dès les premières pages
Dès l’ouverture, ce quatrième tome prend soin du lecteur. Les deux premières pages proposent un retour sur tous les personnages importants accompagnés d’un résumé concis de l’histoire jusque-là. C’est une excellente initiative, d’autant plus que le manga, avec ses multiples figures entre dragons, humains et créatures mystiques, peut parfois sembler foisonnant. Cette petite réintroduction évite toute confusion et permet d’entrer directement dans le récit.
Un retour au village et de nouvelles explications
L’histoire reprend après les grands événements du tome précédent. On retrouve le groupe qui revient au village, accueilli par la reconnaissance des habitants. Parmi eux, un vieil homme joue un rôle crucial en expliquant les motivations du chef qui s’en prenait au dieu Satomori. Ces révélations ajoutent une dimension plus tragique à cette figure jusque-là antagoniste, et montrent encore une fois que le manga n’hésite pas à nuancer ses personnages, même secondaires.
Pendant ce temps, Eve continue d’évoluer. Ses pouvoirs deviennent de plus en plus mystérieux, et l’on apprend que lorsqu’elle est chamboulée, sa magie peut se manifester de manière imprévisible, voire dangereuse. Ce détail, en apparence mineur, est en réalité un fil narratif qui risque de prendre de l’importance dans les prochains volumes.
L’arrivée surprenante de la fille de Dodo
Un des moments marquants du tome survient avec l’arrivée de la fille de Dodo en compagnie du Dragon Migrateur. Son apparition est doublement surprenante : d’abord parce qu’elle surgit sans prévenir, mais aussi parce que son design frappe immédiatement. Contrairement à Dodo, elle possède un aspect beaucoup plus féroce, renforcé par une particularité originale : elle est recouverte de fourrure. Cette touche de bestialité et d’exotisme enrichit encore la diversité visuelle des dragons de la série.
Son histoire personnelle se révèle tout aussi intéressante. On apprend que Dodo a eu au moins quatre femmes, et que trois d’entre elles sont déjà connues comme les mères de ses différents enfants. Cela complexifie encore la famille tentaculaire de ce dragon et donne lieu à des dynamiques familiales uniques, entre rivalités, disparitions et retrouvailles.
Mais ce qui frappe le plus est la profonde tristesse de cette dragonne. Elle fond en larmes en évoquant son frère jumeau disparu depuis de longues années. Cette douleur, très humaine dans son traitement, rend son personnage attachant et introduit l’un des arcs narratifs majeurs du tome.
Entre férocité et kawaii
Un contraste habile se joue dans la représentation de la dragonne : d’abord présentée comme une créature intimidante, son chara design devient étonnamment kawaii dès que son côté vulnérable est mis en avant. Ce basculement, à la fois graphique et narratif, reflète bien l’ambivalence de L’Enfant du Dragon Fantôme, capable de naviguer entre tension dramatique et légèreté visuelle sans perdre de cohérence.
C’est finalement la relation fusionnelle avec son frère qui est au cœur de son intrigue. Elle explique que celui-ci s’est enfui car il ne supportait plus son attachement étouffant. Une révélation à la fois cruelle et compréhensible, qui humanise encore les dragons de l’univers. Cette quête mènera le groupe jusqu’à la mystérieuse forêt elfique.
La beauté des décors et l’arrivée chez Rosé
Graphiquement, ce tome 4 est une véritable réussite. Si Eve et Dodo restent dessinés avec la même maîtrise que dans les tomes précédents, ce sont surtout les paysages forestiers et le village des elfes qui impressionnent. La surface du village, avec ses étrangers et touristes, évoque un carrefour vivant et coloré, tandis que le passage mystique par l’arbre pour pénétrer dans le cœur du village marque une des plus belles idées visuelles de ce volume.
C’est aussi l’occasion de retrouver Rosé, l’elfe, dont le rôle s’étoffe ici. Un nouveau personnage se joint à l’équipe : un mandragore, gardien de la maison de Rosé, qui apporte une touche d’excentricité bienvenue. Mais malgré leurs recherches, les héros peinent à trouver des réponses concernant le dragon qu’ils poursuivent. On apprend également que Rosé est perçue comme une vagabonde dans son propre village, une marginalisation qui enrichit sa personnalité.
Des découvertes inquiétantes
La tension monte lorsque le groupe tombe sur une plante monstrueuse, issue non pas d’une expérience ratée de Rosé comme l’on croit au départ, mais d’un dragon blessé dont le sang a contaminé la végétation. La découverte d’une seconde plante similaire confirme cette origine inquiétante et relance l’intrigue. La mise en scène de ces végétaux sanglants est visuellement frappante et contribue à l’atmosphère sombre de ce passage.
C’est en suivant cette piste qu’ils finissent par découvrir le frère jumeau de la dragonne, caché dans un trou menant à un étage inférieur de la forêt. La vérité éclate : il ne s’était pas enfui par simple caprice, mais parce qu’il était en fin de vie. Sa longévité, différente de celle de sa sœur, l’a condamné plus tôt, et il voulait mourir seul, sans causer de peine. Ce moment, d’une grande intensité émotionnelle, place la thématique de la mort et de la fragilité au centre du tome.
Une fin poignante
Le choix du frère jumeau de partir dans la forêt de l’abandon en compagnie de sa soeur pour finir ses jours est un passage bouleversant. Dodo, habituellement imposant et jovial, se retrouve touché de plein fouet par le destin tragique de son enfant.
La dernière page, montrant Dodo qui commence à se fissurer, est particulièrement marquante. Cette image laisse présager une limite à sa présence sur Terre et ouvre la voie à des révélations importantes dans le tome suivant. L’ajout de deux pages bonus, centrées sur la passion d’Eve pour la nourriture et la boisson, permet de relâcher un peu la tension et de finir sur une note plus légère.
Conclusion
Ce quatrième tome de L’Enfant du Dragon Fantôme est une lecture marquante. Certes, il est plus court et moins riche en action que les volumes précédents, mais il compense par une profondeur émotionnelle et thématique accrue. Entre l’introduction de nouveaux personnages attachants, la beauté des décors elfiques et le traitement subtil du thème de la mort, ce tome parvient à élargir l’univers tout en touchant le lecteur. Nous en sommes donc maintenant à 5 dragons sur 8 de trouvés.
La série continue ainsi de se construire avec intelligence, en alternant entre moments d’action, révélations et passages intimistes. Malgré sa brièveté, ce volume laisse une empreinte durable et promet un futur encore plus intense. Un tome court mais profondément émouvant, qui confirme la richesse de L’Enfant du Dragon Fantôme.
Merci à Interforum pour la copie du manga.

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