
Darren Aronofsky, connu pour The Wrestler, Black Swan et Mother!, nous délivre cet été avec un film combinant suspense, action, et comédie noire, mettant en vedette Austin Butler, Regina King, Zoë Kravitz, Matt Smith, Liev Schreiber, Vincent D’Onofrio, Bad Bunny, et plus encore. Comment s’en sort Aronofsky dans ce film grand public, adapté du roman de Charlie Huston qui a lui-même scénarisé le film?
Pris entre deux feux
En 1998, le barman Hank (Austin Butler) accepte tant bien que mal de garder le chat de son colocataire (Matt Smith) pendant que celui-ci part en voyage. L’ennui, c’est que plusieurs individus dangereux ont des comptes à rendre à ce dernier, et vu son absence, ils décident de se tourner vers Hank, dont ils croient qu’il détient ce qu’ils recherchent tous…

Une esthétique musicale et un orchestre de talents
Dès le départ, le film affiche un visuel digne des années 90. Non seulement avec des références de l’époque (il était intéressant par moment de visiter un New York pré-onze septembre), mais aussi avec les habits des personnages, l’aspect chaotique de certaines scènes, et le côté grunge et urbain du décor. Cet accent visuel, qui n’est pas sans rappeler Cowboy Bebop ou Scott Pilgrim, est de loin le point fort du film.
La distribution n’a rien à envier, également. Butler se démarque bien dans ce nouveau rôle, bien distinct de ses précédents. Et parmi les rôles secondaires, King, Kravitz et Smith sont de loin les plus marquants. Cela dit, autant j’ai aimé Liev Schreiber et Carole Kane dans leurs performances, cela m’a surpris de voir Vincent D’Onofrio jouer également un juif hassidique, alors que, d’après mes recherches, il n’était pas juif lui-même. Je ne parlerai pas pour la communauté, mais de mon côté, cela m’a rendu un peu inconfortable (il était bon avec le matériel qu’on lui donnait, malgré tout). Aussi, le chat est adorable, ne vous inquiétez pas.

Un ton approprié, une intrigue à retravailler
En plus de l’ambiance rock, grunge et urbain, le film adopte un ton réaliste mélangé avec de l’humour noir. Le résultat crée plusieurs scènes d’action anti-climatiques, qui nous font sourire par leur vraisemblance (il faut dire aussi que le personnage de Hank n’est pas un combattant expérimenté de base).
Là où le film souffre un peu est au niveau de l’écriture. À quelques reprises, l’histoire prend des facilités scénaristiques afin d’avancer, au détriment de la logique et du caractère des personnages. Par exemple, une décision du vilain principal au milieu du film m’a fait froncer les sourcils.
Sinon, le film demeure engageant. Le suspense n’est pas énorme ou révolutionnaire, mais suffisant pour nous divertir pour le reste du film.

L’évolution de Hank Thompson (par TheCoffeeKeep/Thibni_)
Ce qui rend Caught Stealing particulièrement marquant, c’est la trajectoire intime et douloureuse de Hank Thompson, un homme prisonnier de ses démons mais contraint de les affronter. Sa dépendance à l’alcool, réactivée après son hospitalisation malgré l’avertissement d’Yvonne (Zoë Kravitz), illustre sa vulnérabilité et son incapacité à se contrôler. Cette faille, déjà nourrie par la culpabilité d’un accident de jeunesse ayant coûté la vie à son meilleur ami, devient un poids qui l’empêche d’agir lorsque l’urgence l’exige. Au fil du récit, chaque choc émotionnel — la perte, la violence, les réminiscences de son passé — le pousse progressivement à confronter la vérité et à accepter la responsabilité de ses erreurs. Sa relation protectrice avec son chat et l’amour qu’il conserve pour sa mère humanisent encore davantage son parcours, montrant qu’au-delà de la culpabilité, Hank est animé par une tendresse sincère. C’est dans le face-à-face final avec son passé qu’il parvient enfin à briser le cercle de la fuite, à se libérer de ses traumas et à tourner la page, comme en témoigne la scène où il choisit une boisson sans alcool et détourne son regard du baseball, symbole de son ancienne vie. L’évolution de Hank n’est pas une rédemption héroïque, mais une acceptation fragile et profondément humaine de ses propres limites.

Conclusion
Caught Stealing est un film distrayant qui représente visuellement le rock des années 90, et ses acteurs accomplissent bien leurs tâches. L’intrigue n’est pas révolutionnaire, mais saura vous divertir tout le long, et vous faire réfléchir sur les thématiques.
Pour ceux qui se le demandent, le film contient une scène mi-crédits. Cela dit, je vous recommande de rester jusqu’à la fin, car le jeu de l’esthétique rock continue même dans les crédits.
Merci à Sony pour la projection en avant-première.




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