Lazarus est la plus récente production du légendaire directeur d’anime Shinichiro Watanabe, le génie derrière Cowboy Bebop, l’une des plus grande série culte de l’histoire de l’animation japonaise. Est-ce que Lazarus est une série qui a su suivre les pas de son prédécesseur légendaire et s’imposer comme série culte?

Lazarus est une série de 13 épisodes co-produit par Mappa et Sola Digital Arts qui est sorti au printemps 2025. En dehors de la présence de Shinichiro Watanabe, son équipe de production inclut aussi Chad Stahelski, le directeur de la série John Wick. Ce dernier a été chargé de concevoir les scènes d’action de Lazarus.

Lazarus prend place dans un futur proche en 2049. L’humanité vit supposément dans un ère d’utopie grâce au Hapna, un médicament miraculeux créé 3 ans auparavant par le Dr. Deniz Skinner. Le Hapna guérit tous maux et stoppe toute douleur. Le Dr. Skinner disparaît peu après la mise en marché du médicament mais revient sur la place publique en 2049, au début de la série et fait une annonce fatidique : son médicament va commencer à tuer tous ceux qui l’ont pris 30 jours après son annonce! Dr. Skinner donne une dernière chance à l’humanité : trouvez-moi en 30 jours et vous aurez l’antidote sinon je meurs car j’ai aussi utilisé le Hapna. Ainsi, le gouvernement des États-Unis met sur pied Lazarus, une équipe spéciale de six personnes pour retrouver Dr. Skinner.

Dirigée par la très sérieuse Hersch Lindemann, Lazarus compte parmi ses rangs un ensemble de personnages aux origines très distinctes et mystérieuses. Tout d’abord, le principal protagoniste, Axel Gilberto qui est un détenu d’origine brésilienne en cavale avec une sentence de 888 ans aux talents de parkour extraordinaires. Ensuite Christine Blake, une femme experte au maniement d’armes mais avec un passé secret. Nous avons aussi Douglas Hadine, un intellectuel disgracié à cause de ses actions passées mais hautement intelligent. Par la suite, il y a Leland Astor, un étudiant universitaire et un expert des drones d’origine canadienne. Finalement pour compléter l’équipe, il y a Elaina qui est l’une des plus grandes hackeuse au monde. Ces personnages sont très intéressants et la série nous expose tranquillement leurs origines nébuleuses de façon très progressive, nous permettant de les apprécier progressivement et nous surprenant à quelques reprises sur leurs origines.

Le format de Lazarus reflète bien la nature d’une chasse à l’homme à travers le monde. Chaque épisode, nos personnages se retrouvent à suivre des petits indices et des pistes qui mènent parfois à rien à première vue. La manière dont ces épisodes sont construits nous permettent de découvrir l’état dans laquelle l’humanité vit tout en nous donnant des indices sur le parcours du Dr. Skinner et comment il en est venu à l’idée de créer un médicament avec des conséquences aussi fatidiques. Chaque épisode est un format d’aventure de la semaine avec comme arrière-plan la chasse à l’homme du Dr. Skinner.

Les réalités que nos personnages voient et vivent deviennent en fait un excellent commentaire sur notre monde. Malgré le fait que le Hapna était un miracle médical et que le monde serait supposément une utopie, l’humanité dans Lazarus a encore énormément de problèmes. Par exemple, l’une des pistes que nos personnages suivent nous confronte aux conséquences tragiques des changements climatiques quand ils découvrent que les îles qu’ils doivent visiter ont été complètement englouties par la montée du niveau de la mer. D’autres fois, nos personnages doivent côtoyer des ultra riches AI bros méprisables qui continuent à faire la fête malgré la fin imminente du monde… et qui attendent simplement que quelqu’un invente un remède au Hapna pour que ça deviennent leur prochaine grosse passe d’argent. Il y aussi les problèmes éternels comme la pauvreté, le fanatisme religieux et la corruption qui affectent encore le monde, nous rappelant notre réalité. Ces différentes situations sont très bien présentées et nous font vivre des émotions.

Les rencontres et expériences que nos personnages rencontrent au courant de leur poursuite du Dr. Skinner est un intéressant commentaire sur notre monde et sur comment nous réagissons à des grandes crises de grandes envergures. La série pose comme question si l’humanité vaut la peine d’être sauvée.

Pour agrémenter ce questionnement, nous avons aussi droit à une série qui est superbement bien animée. L’équipe a fait un excellent travail pour nous donner de belles animations et de beaux paysages qui sont très variés. La chasse à l’homme nous fait voyager autour du monde, allant de villes futuristes aux vastes étendues du Pacifique et de l’Arctique en passant par le Moyen-Orient et l’idyllique campagne américaine.

Les séquences d’action et de parkour sont superbement bien animées et chorégraphiées grâce à la présence mentionnée plus tôt dans l’équipe de Chad Stahelski. L’action est très fluide et dynamique en plus d’avoir d’excellents jeux de caméra. Cela met en valeur les excellents talents de nos personnages comme Axel et Christine dans des combats très palpitants digne d’un film d’action hollywoodien. Pour agrémenter les superbes effets visuels, nous avons aussi droit à une excellente trame sonore très dynamique et énergique.

Malgré toutes ces forces cependant, Lazarus comporte une immense faiblesse causée par sa prémisse de fin du monde imminente. Puisque l’humanité est condamnée à mourir en 30 jours, fait rappelé à chaque fin d’épisode, l’histoire se passe très rapidement. Cela fait en sorte que beaucoup d’événements et de lieux visités défilent vite, ne donnant pas le temps d’apprécier ces moments qui sont toujours très intéressants. Cela nuit aussi aux personnages puisque tous les membres de l’équipe de Lazarus sont très intéressants mais l’émission ne permet qu’une exploration superficielle de leurs origines et motivations. Notamment, on voit très peu du passé du personnage de Douglas Hadine en dehors de quelques phrases très tôt dans la série sur son passé.

De plus, cela se reflète dans les épisodes finaux de Lazarus puisque les événements de la fin de la série défilent extrêmement rapidement avec l’introduction de nouveaux joueurs avec des intérêts dans la poursuite du Dr. Skinner. Ces nouveaux joueurs ont des agendas conflictuels avec Lazarus qui ont le potentiel d’affecter grandement l’histoire mais sont introduits tellement tardivement qu’ils ont à peine le temps d’être présent sur l’écran avant que la série se termine. Cela est dû au décès de Keiko Nobumoto d’un cancer en 2021, une proche collaboratrice et grande amie de Shinichiro Watanabe et la scénariste de Cowboy Bebop. Watanabe a dit en entrevue qu’ils ont travaillé ensemble malgré la maladie et l’hospitalisation de Nobumoto, mettant fin à l’histoire de Lazarus quand l’équipe a réalisé que ça allait être trop difficile pour elle de continuer de travailler sur la série.

Le message complexe et sérieux de Lazarus sur l’état de l’humanité et sa possible fin imminente peut être également perdu sur un certain public. Ce message n’est pas transmis directement par le dialogue de la série mais bien par l’emploi de l’atmosphère créée par les paysages et ce qui se passe dans les environnements que les personnages évoluent. Cela respecte l’intelligence de son public mais peut être difficile à apprécier pour d’autres. De plus, les problèmes du monde de Lazarus frappent très près de notre réalité, pouvant rendre certaines personnes très inconfortables.

Pour terminer, est-ce que Lazarus est un chef d’œuvre digne de l’héritage de Cowboy Bebop? La réponse est oui! À travers son atmosphère, son message, son questionnement et sa façon de raconter son histoire, Lazarus est une excellente série qui a tout simplement fini trop vite. C’est également un bel hommage à la talentueuse Keiko Nobumoto. Elle mérite donc un excellent 8.5/10 et je vous encourage fortement à regarder cette série.

Pour écouter la série, c’est ici.