Bonjour à tous, ici Thibni, votre sous-fifre attitré du Dieu Geek !
Aujourd’hui, je vous invite à découvrir un manga qui m’a offert ma toute première bouchée dans l’univers du Josei — un genre souvent méconnu, mais bourré de charme et de sincérité. Et croyez-moi, si vous aimez autant la bonne bouffe que les histoires délicatement épicées, vous risquez d’y trouver votre compte.

L’amour est au menu (Tsukuritai Onna to Tabetai Onna, littéralement La femme qui veut cuisiner et celle qui veut manger) est une œuvre signée Sakaomi Yuzaki, publiée au Japon en 2021 par Kadokawa Corporation. Trois tomes sont actuellement disponibles, et c’est avec bonheur qu’on peut enfin les savourer au Québec depuis le 9 août 2024, grâce à l’éditeur AKATA.

Derrière ce titre appétissant se cache une histoire toute simple, presque ordinaire, mais relevée d’une belle dose de tendresse et de non-dits. Deux voisines, deux femmes aux appétits différents, mais complémentaires, et une passion commune : la nourriture. C’est autour des fourneaux que se tisse peu à peu une relation qui, on le sent, ne demande qu’à s’approfondir.

Un petit délice de lecture à découvrir… même pour les débutants en Josei !

Une rencontre aux petits oignons
Nomoto est une jeune femme célibataire, discrète, qui cuisine depuis toujours… mais uniquement pour elle. Habituée aux portions minimalistes et aux recettes pensées pour une seule assiette, elle ressent malgré tout un vide grandissant dans sa routine. Car au fond, ce qu’elle aimerait vraiment, c’est cuisiner en grand, pour quelqu’un, partager ses plats et retrouver la chaleur d’un repas offert.

C’est alors qu’elle rencontre Kasuga, sa nouvelle voisine à l’appétit étonnamment vorace et sans complexe. Une passionnée de bonne chair qui, dès les premiers échanges, réveille en Nomoto une envie oubliée : celle de sortir de sa solitude culinaire. Pour la première fois, elle entrevoit la possibilité de cocher les cases de sa “bucket list” gastronomique.

Le tout se déroule dans un Japon contemporain, au cœur du quotidien de deux femmes que tout semble opposer, mais que la cuisine pourrait bien rapprocher. Une histoire douce, sincère, et pleine de saveurs à venir.

Une fable du quotidien, simple mais sincère
Ce manga m’a doucement happé, non pas avec des coups d’éclat, mais avec une écriture délicate qui enveloppe le lecteur dans un cocon de sincérité. L’Amour est au menu se lit comme une fable contemporaine, presque méditative, où chaque geste et chaque regard comptent plus que les grandes déclarations. Une œuvre qui préfère chuchoter à l’oreille plutôt que crier — et c’est ce qui la rend si attachante.

L’intrigue s’étire sur quelques semaines seulement, mais la narration prend le temps de respirer. À aucun moment, on ne sent l’histoire précipitée : chaque moment partagé entre Nomoto et Kasuga s’ancre dans le réel, dans un rythme contemplatif qui laisse les émotions infuser en profondeur. Loin des rebondissements classiques ou des enjeux dramatiques, le récit privilégie la lenteur du lien qui se tisse, un lien sincère, imprévisible et fragile comme un fil de thé encore chaud.

Ici, la cuisine ne vole pas la vedette, mais sert d’écho discret à ce qui se joue entre les deux femmes : un besoin d’écoute, de présence, de partage. Ce n’est pas un manga qui cherche à nous divertir par surprise, mais à nous offrir quelque chose de plus rare : un instant de calme, une pause dans le tumulte de la vie quotidienne, un miroir feutré tendu vers nos propres élans de solitude et de tendresse.

Deux cœurs tranquilles, une complicité naissante
On fait la rencontre de deux jeunes femmes tout ce qu’il y a de plus familières dans leur manière d’être : des célibataires bien dans leur peau, qui cherchent simplement à profiter de la vie, à vivre leurs passions et à savourer chaque petit moment de leur quotidien… sans jamais le faire seules. Il y a d’un côté l’appétit franc, presque enfantin de Kasuga, et de l’autre, la joie sincère de Nomoto de voir ses plats être accueillis avec autant de plaisir. Ensemble, elles créent une alchimie apaisante.

Leur relation évolue à petits pas, dans une sérénité touchante. Pas de grand drame ni de rebondissements tonitruants : juste la beauté simple de deux âmes qui se découvrent, se répondent, et trouvent dans l’autre ce qu’elles n’avaient peut-être même pas pensé chercher. Leur complicité naissante a quelque chose de reposant, comme une lecture qu’on déguste au calme, juste avant de sombrer dans un sommeil paisible.

Ce premier tome prend d’abord le temps de nous plonger dans le regard de Nomoto, sa solitude, ses hésitations, ses petits gestes pleins de sens. Puis, subtilement, on découvre aussi la pensée intérieure de Kasuga — plus profonde qu’on ne le croirait. Cette bascule progressive enrichit la dynamique entre elles, et révèle une forme de compréhension mutuelle presque instinctive, un partage des silences et des gestes qui fait tout le charme de cette œuvre.

Un festin pour les yeux, tout en douceur
C’est ici que la magie visuelle opère avec une finesse discrète, mais essentielle. Le style graphique, sans excès ni surcharge, sait capter magnifiquement l’émotion là où elle se cache : dans un regard délicat, un rayon de lumière sur un bol fumant, ou même la mise en scène d’un plat tout simple qui devient soudain un petit chef-d’œuvre culinaire. Chaque éclat lumineux semble traverser les pages pour venir éclairer la relation sereine qui éclot entre les deux héroïnes.

Les détails ne sont jamais gratuits : ils tombent piles, amusants et pertinents, comme une pincée d’épices bien dosée. L’auteure a cette capacité rare de faire vibrer l’ordinaire — de sublimer un repas banal, une table partagée, un sourire surpris — et de faire saliver autant qu’émouvoir. Les plats sont dessinés avec amour, presque comme un hommage à la cuisine du quotidien, celle qui console et rassemble.

Même si les designs des personnages ne cherchent pas à éblouir, c’est justement cette sobriété qui permet un véritable épanouissement autour d’eux. Ils sont crédibles, humains, et cette normalité devient une force. Car dans ce cadre visuel réconfortant, c’est toute l’émotion contenue dans une bouchée, un geste et une complicité bienveillante qui permet d’offrir un style simple, mais qui vient nous cajoler comme un plat chaud après une longue journée.

Conclusion : Un repas partagé, un moment suspendu
L’Amour est au menu n’est pas une œuvre qui joue la carte du spectaculaire ou de l’extraordinaire. C’est plutôt un plat mijoté lentement, un moment suspendu où l’on savoure chaque détail — les gestes, les silences, les regards. Sans jamais nous asséner un message frontal, il nous parle pourtant fort de solitude, de ce besoin universel de se sentir vu, entendu… et d’échanger, ne serait-ce qu’autour d’une simple table.

Dans ce premier tome, Sakaomi Yuzaki réussit un joli tour de force : nous inviter à partager ce repas intime entre deux femmes que tout semble séparer, sauf la tendresse qui s’immisce doucement entre elles. Un récit qui cajole, apaise et donne envie d’y revenir, pour y piocher ce petit quelque chose de chaud qui reste en nous bien après la dernière page tournée.

L’Amour est au menu est un manga doux et sincère, où la cuisine devient le prétexte à une relation paisible et tendre entre deux âmes solitaires. Une lecture délicate et réconfortante, parfaite pour qui cherche un moment de calme et d’émotion simple, à savourer comme un bon plat mijoté, à vous d’en faire la découverte!

Merci à Interforum pour la copie du livre.

Pour se procurer le manga, c’est ici.

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