
Un voyage sanglant entre tension, psychologie et huis clos
Je dois l’avouer : en commençant Bloody Cruise, je ne m’attendais pas à être autant emparée par ce huis clos sanglant aux allures de croisière de luxe… Dès les premières pages, j’ai été tellement choquée que j’ai dû reposer le manga quelques instants, juste pour me préparer mentalement à la suite! Ce qui est sûr, c’est qu’avec Bloody Cruise, série imaginée par l’auteur Yu Satomi et illustrée avec une crudité glaçante – soyez avertis – on embarque dès 2022 pour une croisière de l’horreur qui n’a absolument rien de touristique!
Après la lecture des trois premiers tomes (sur la série de cinq), je peux vous dire, ce manga ne relâche jamais la tension: les ponts du paquebot et les salles de bals deviennent rapidement des scènes de carnage, où les verres de champagne se mêlent aux giclées de sang et aux rires hystériques des survivants qui tombent dans la déchéance psychologique! Personnellement, j’ai eu la désagréable – mais fascinante – sensation de sombrer avec eux, page après page, case après case, prise dans une spirale où la peur, l’espoir, la suspicion et la cruauté forment le véritable capitaine du navire. Je vous préviens: âmes sensibles, fuyez… les autres, bienvenue à bord!

Des personnages… volontairement dérangeants
C’est ainsi que l’on retrouve Akari et sa famille qui quittent sur un paquebot pour une croisière de luxe, alors qu’ils ne sont définitivement pas de la haute société… pourquoi sont-ils là? Nous ne tarderons pas à en découvrir davantage, puisque le rythme du récit est très rapide. On ne lésine pas sur l’action et les intrigues à chacun des chapitres! Et bien que la famille d’Akari semble être un bon point de repère pour les lecteurs en tant que personnages principaux, dans ce manga, les personnages secondaires sont tout aussi importants, sinon davantage: Dès le premier tome, les personnages se dévoilent peu à peu, et si certains semblent presque caricaturaux au départ, on comprend, au fil de l’histoire, que c’est intentionnel. Le manga joue énormément sur les apparences, sur les masques sociaux… et là-dessus, ça fonctionne!
J’ai tout de même fort apprécié ce flou constant entre empathie et rejet : on ne sait jamais trop à qui se fier, qui croire, qui sauver… Et c’est précisément ce malaise qui rend la lecture prenante! À tel point que je n’ai pas pu déposer un tome sans ouvrir le prochain pour découvrir la suite de l’intrigue! Même si, à titre personnel, j’aurais aimé un peu plus de subtilité dans certains dialogues ou quelques réactions, je reconnais que cette exagération aide grandement à l’effet de tension recherché.

Une croisière pas comme les autres
Embarquer dans Bloody Cruise, c’est donc accepter de suivre un groupe de passagers triés sur le volet pour une croisière soi-disant luxueuse… mais qui vire très vite au cauchemar sanguinaire! Le titre nous met bien en garde, «bloody» sera l’aventure! On débute par un beau voyage, mais très vite, l’illusion de détente s’effondre : un meurtre… puis un autre… et un autre, et le bateau devient une scène de théâtre morbide, où chacun des personnage est à la fois suspect et victime! On passe constamment de la méfiance à la compassion, de l’empathie au rejet. C’est un récit finement pensé!
Yu Satomi joue habilement avec les non-dits, les regards, les silences lourds… Et même si certains stéréotypes sont présents, ils semblent se déconstruire au fil des tomes. Au final, personne n’est tout blanc ou tout noir, et c’est ce flou moral qui rend l’expérience si saisissante! Honnêtement, j’ai été happée par cette tension permanente… Ce sentiment percutant que personne n’est innocent, que la moindre conversation peut dégénérer en un énorme bain de sang!
Sur ce bateau, la mer n’est pas le plus dangereux des éléments : c’est l’humain, qui, livré à lui-même, révèlera enfin sa vraie nature. Et croyez-moi, elle est terrifiante!

Le rythme : crescendo sanglant mais maîtrisé
Je l’ai déjà mentionné: le récit est brutal! Dès le premier tome, on sent la montée en puissance de l’énigme. Pas de longues mises en place : on entre dans le vif du sujet rapidement. Et pas de longueurs non plus: de l’action, des massacres et du sang en continu! Le rythme est donc très soutenu, presque oppressant par moments, ce qui ajoute à l’atmosphère sombre et terrorisante de l’histoire. Même les cliffhangers sont efficaces! J’ai lu les trois premiers tomes en moins de deux heures, et j’aurais certainement lu les deux derniers les avoir eus sous la main!
Les lecteurs de Bloody Cruise ne sont pas épargnés! Bien que le premier tome semble parfois n’être qu’un rassemblement de meurtres, de violence gratuite et de sang sans but précis, ce n’est pas le cas, bien au contraire! Au fil des tomes, la violence prend de plus en plus de place — graphique, oui, mais particulièrement psychologique. Et c’est là que Bloody Cruise montre sa vraie nature : ce n’est pas juste un «survival» sanglant, c’est aussi une plongée dans les peurs humaines, les instincts de survie, la paranoïa collective… et vous savez aussi bien que moi que ce sont des sujets qui fascinent les lecteurs d’horreur et de suspense! Bien évidemment, on peut ne pas être fan du style parfois très cru, mais il faut reconnaître que le rythme est intelligemment dosé, maintenant sous tension constante les lecteurs qui n’en demandent que davantage!
Un scénario intrigant, mais encore flou
Après trois tomes, je dois dire que j’ai encore de la difficulté à cerner clairement les motivations réelles des organisateurs de cette croisière morbide, ce qui démontre que le mystère plane toujours! J’ai quelques fois eu l’impression de tourner les pages en espérant un indice, un détail, une vérité… qui ne venait jamais tout à fait. Et pourtant! C’est ce sentiment d’attente frustrante, de tension constante, qui m’a tenue en haleine. L’histoire avance au ralenti, certes, mais chaque silence, chaque zone d’ombre, semble avoir été soigneusement placés pour nous faire douter de tout!
Ce rythme pourrait évidemment agacer les lecteurs impatients, en quête de révélations précises et rapides, mais c’est justement ce choix narratif qui ajout à l’ambiance «lourde», voire paranoïaque du manga. Ici, ce n’est pas tant ce qu’on apprend qui fait peur… mais ce qu’on ignore encore! Et personnellement, j’apprécie ce côté mystérieux, même si certains éléments m’ont paru un peu déjà vu. On sent néanmoins la volonté de construire quelque chose de plus profond, qui va plus loin qu’une simple histoire de carnages! Reste à voir si cette promesse sera tenue dans les tomes suivants.

En résumé : une croisière qui vaut le détour… avec prudence
Il m’en faut beaucoup pour être véritablement secouée par un manga, moi qui suit fan des styles à la «Alice in Murderland», mais Bloody Cruise m’a surprise! Pas seulement à cause de sa violence – qui est réelle, cru, et parfois difficile à digérer – mais surtout par la manière dont celle-ci est mise en scène. Au contraire de ce que le premier tome pourrait laisser croire, ce n’est jamais gratuit: chaque éclat de sang semble porter un poids symbolique, chaque meurtre fait avancer l’histoire d’une manière bien plus complexe qu’elle n’en a l’air.
Attention, ce n’est pas un manga qui plaira à tout le monde! Certains pourront trouver le propos un peu trop appuyé, voire dérangeant, mais il a le mérite d’oser… sans aller dans l’excès. Dès les premières pages, on sent que ce ne sera pas une lecture «confortable». J’ai même dû poser le manga quelques instants, le temps de digérer la brutalité d’une scène pourtant si bien maîtrisée! Mais c’est là, selon moi, que réside la force de ce manga : il ne nous prend pas par la main, à l’inverse, il nous pousse, nous bouscule, nous met face à ce qu’on ne veut pas voir chez les autres… et chez nous!
Même si je ne suis pas encore totalement conquise, je suis grandement et suffisamment intriguée pour embarquer dans la suite de l’aventure… ou, ici, de la croisière! Alors, plongerez-vous avec moi dans de ce thriller psychologique?
Merci à Interforum pour la copie des livres.

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