Empathie raconte l’histoire de Suzanne (Florence Longpré), ancienne criminologue devenue psychiatre, qui se joint à l’Institut psychiatrique Mont-Royal, où elle fait la rencontre de Mortimer (Thomas Ngijol) – un intrigant agent d’intervention avec qui elle se lie d’amitié – et de patients qui ne laissent personne indifférent. Ces patients à la vie bouleversante ne manqueront pas d’émouvoir et de confronter le public.

Une réalisation humaine et sensible
La série télévisée québécoise s’impose déjà comme une œuvre qui sera marquante dans le domaine. Portée par une équipe créative passionnée, elle est le fruit d’une collaboration entre l’auteure Florence Longpré et le réalisateur Guillaume Lonergan. Leur travail collectif, avec l’appui d’une équipe scénaristique rigoureuse, permet de naviguer avec pudeur et intelligence au cœur de la psychiatrie contemporaine.

Une distribution bouleversante de véracité
L’une des grandes forces d’Empathie réside dans son casting exceptionnel. Mention honorable et bien méritée à Benoît Brière, qui livre une performance saisissante dans le rôle de Jacques Dallaire, un pyromane hanté par un traumatisme d’enfance. Sa présence à l’écran est magnétique; son jeu tout en subtilité, jamais caricatural, nous plonge dans la complexité d’un homme prisonnier de ses flammes intérieures. C’est un personnage qui incarne toute l’ambiguïté du diagnostic psychiatrique : dangerosité vs. souffrance humaine.

La psychiatrie au petit écran : ni romantisée, ni déshumanisée
Empathie choisit de séduire par sa justesse plutôt que par le sensationnalisme. Loin des clichés habituels, la série montre l’univers psychiatrique sous un angle nuancé : un lieu de soins, mais aussi un espace de tensions, de fatigue émotionnelle et de résilience. Les décors sont sobres et réalistes, la caméra à l’épaule nous immerge dans les couloirs d’un hôpital montréalais fictif inspiré de l’établissement psychiatrique qu’est Pinel.
On y explore l’effritement du lien entre soignants et patients, la bureaucratie médicale, les dilemmes éthiques face à la violence ou à l’involontaire, mais aussi les percées de lumière que sont les moments de véritable connexion humaine.

Un processus artistique au service de la vérité
La mise en scène se distingue par ses choix visuels organiques : caméras fixes lors des entretiens psychiatriques, travellings lents dans les scènes de crise, et une esthétique quasi documentaire qui brouille les frontières entre fiction et réalité. Les dialogues sont écrits avec une authenticité déconcertante : les répliques se coupent, les silences parlent. On a souvent l’impression d’être assis dans la pièce avec eux, observateur invisible d’une vérité crue.
Les thèmes abordés ne cherchent pas le choc, mais la réflexion. La dépression, les troubles psychotiques, le trouble de la personnalité limite, les impacts du stress post-traumatique : tout est présenté avec nuance, en évitant le jargon excessif ou les simplifications abusives. Empathie se veut un miroir imparfait, mais nécessaire, de la santé mentale aujourd’hui.

Une œuvre qui suscite l’écoute et la compréhension
Empathie parvient à toucher, sans manipuler. Elle interpelle autant les professionnels que les profanes, en nous forçant à reconsidérer nos jugements sur ceux qui vivent avec des troubles mentaux. La série se dresse comme un plaidoyer pour l’humilité, le doute et surtout l’humanité. Une rare leçon de télévision, enveloppée dans un écrin d’émotion pure.

Pour écouter la série, c’est ici.

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