Sorti en 1988 sur la Famicom au Japon, Famicom Wars est le point de départ d’une série tactique de grande importance dans l’histoire du jeu vidéo, aujourd’hui connue sous le nom de Advance Wars à l’international. Développé par Intelligent Systems et édité par Nintendo, ce jeu de stratégie au tour par tour fut à l’époque un ovni dans le paysage vidéoludique, surtout sur console. S’il a posé les bases solides de la franchise, il souffre aujourd’hui de son âge, à la fois en termes de rythme, d’accessibilité et de profondeur tactique.

Une guerre rouge contre bleue
L’univers de Famicom Wars est simple, voire rudimentaire : deux nations fictives, Red Star (Rouge) et Blue Moon (Bleu), s’affrontent pour la domination d’un continent composé de plusieurs cartes. Vous incarnez l’une des deux armées, sans protagoniste ou scénario développé, dans une succession de batailles sans fil conducteur scénaristique. À l’époque, l’absence d’histoire pouvait se comprendre, mais aujourd’hui, cela rend l’expérience impersonnelle et mécanique. Il faudra attendre Advance Wars sur Game Boy Advance pour voir apparaître des personnages charismatiques et un vrai contexte narratif.

Des mécaniques fondatrices mais austères
Sur le plan du gameplay, Famicom Wars propose un système de stratégie au tour par tour où chaque joueur déplace ses unités sur une carte composée de cases. On y retrouve des unités d’infanterie, de blindés, des unités aériennes et navales, chacune avec ses forces, faiblesses et portées de déplacement. Le joueur peut capturer des villes pour générer des fonds, produire de nouvelles unités et prendre le dessus sur l’adversaire par la supériorité numérique ou tactique.
La formule est fonctionnelle, efficace, et surtout, elle a posé les bases de ce que la série Wars affinera par la suite. Les amateurs de stratégie reconnaîtront l’ancêtre de Fire Emblem, mais sans la progression de personnages ou la perte permanente d’unités. Le jeu est plutôt équilibré, et les cartes sont bien conçues dans l’ensemble, même si certaines sont bien trop longues pour leur propre bien.
Malheureusement, ce premier opus pèche par un rythme extrêmement lent. L’intelligence artificielle est poussive, les animations sont peu dynamiques, et chaque tour peut traîner en longueur, surtout lorsque la carte est grande et que l’ennemi a beaucoup d’unités. Sur les 15 cartes de la campagne principale, certaines batailles peuvent durer plus d’une heure — ce qui, sur Famicom, sans sauvegarde directe entre les tours, est loin d’être idéal.

Une technique datée, même pour l’époque
Graphiquement, Famicom Wars est extrêmement sobre. L’interface est fonctionnelle mais peu intuitive, surtout pour un joueur occidental non habitué au japonais. Les unités sont représentées par des icônes simples, les terrains manquent de variété visuelle, et il n’y a pas vraiment d’animation de combat. Les sons sont également très minimalistes, avec des bruitages répétitifs et une bande-son qui se fait vite oublier — ou agacer.
Bien sûr, nous parlons d’un jeu Famicom de 1988, donc il ne faut pas être trop sévère. Mais à titre de comparaison, Fire Emblem: Shadow Dragon and the Blade of Light, sorti deux ans plus tard sur la même console, proposait une présentation bien plus engageante et des mécaniques plus profondes.

Un jeu plus important qu’amusant
L’intérêt principal de Famicom Wars en 2025 réside davantage dans son importance historique que dans sa jouabilité actuelle. Il s’agit d’un titre fondateur, ayant ouvert la voie à Advance Wars et aux autres jeux de stratégie modernes de Nintendo. On peut admirer la vision des développeurs et la solidité des fondations qu’ils ont posées, mais jouer à Famicom Wars aujourd’hui est une expérience fastidieuse, réservée aux puristes ou aux curieux.
Il n’y a pas de mode multijoueur en ligne (évidemment), mais à deux joueurs sur la même console, il peut offrir quelques parties intéressantes — à condition d’avoir la patience et le temps. Le manque d’explication claire des règles (tout est en japonais dans la version originale) et l’absence de tutoriel rendent l’expérience encore plus aride.

Conclusion – Un précurseur rigide et lent
Famicom Wars mérite le respect pour avoir jeté les bases d’une série culte, mais en tant que jeu, il est difficilement recommandable aujourd’hui. Son rythme est lent, sa présentation austère, et son accessibilité limitée. C’est un jeu qu’il vaut mieux étudier que réellement jouer. Heureusement, la série a su évoluer de manière brillante par la suite, et les épisodes GBA et DS restent les meilleurs points d’entrée pour les nouveaux venus. Un jeu fondateur, mais à réserver aux historiens du jeu vidéo ou aux fans invétérés du genre.

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